Homélie du troisième dimanche de l’Avent – Année B – 17 décembre 2023-
par le Diacre Arnaud Gazagnes
« Soyez dans la joie ! Réjouissez-vous ! » Chers frères et sœurs , en ce troisième dimanche de l’Avent, l’Eglise nous invite à la joie. Les textes de la liturgie se font insistants : dès la première lecture, Isaïe nous annonce cette joie : « Je tressaille de joie dans le Seigneur, mon âme exulte en mon Dieu. » Cette exultation sera reprise presque à l’identique par St Luc dans son cantique de Marie, que nous avons entendu aussi : « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! » Et dans sa première lettre aux Thessaloniciens, St Paul à son tour nous recommande la joie : « soyez toujours dans la joie, priez sans relâche, rendez grâce en toute circonstance ».
Certes, la joie, en tant qu’émotion profonde, ravissement, enchantement passager, est accessible à chacun de nous ! J’ai été joyeux samedi dernier de retrouver les amis de Foi et Lumière, j’ai été joyeux en voyant Samia, qui se prépare au baptême, participer aux activités de cette rencontre. J’ai été joyeux aussi ce même samedi dernier quand les Louveteaux ont dessiné avec leurs lumignons sur le parvis la croix scoute. J’ai été joyeux quand Céline m’a dit qui partagerait notre soirée du 31. J’ai été joyeux jeudi quand un de mes élèves avait enfin compris la notion travaillée… Mais, à première vue, le « toujours » du « toujours joyeux » me paraît difficile. Puis-je me réjouir quand Céline me dit qu’une voisine va se séparer de son mari, quand je vois que si peu est fait pour mes élèves en situation de handicap, quand j’entends que des familles palestiniennes et juives ont tout perdu parce que leurs états se font la guerre. D’ailleurs, la situation mondiale n’était pas meilleure à l’époque de Paul, et lui-même avait traversé bien des épreuves.
Alors, de quelle joie s’agit-il ?
La joie, nous dit St Paul, est un don de l’Esprit qui ne dépend pas de circonstances extérieures passagères. La joie, dont parlent les Ecritures, dépasse les événements et vient d’une source beaucoup plus profonde.
Elle se trouve dans le message de Noël : « Je viens vous annoncer une grande joie pour tout le peuple : aujourd’hui vous est né un Sauveur ! »
La joie chrétienne trouve sa source dans la révélation d’un Dieu Amour venu en notre humanité pour nous sauver. Elle est donc à chercher dans cette unique direction : le Christ.
Elle est une ligne de conduite, un objectif à atteindre, une voie. Elle n’est pas démonstrative, exubérante, elle habite le cœur de celui qui se laisse éclairer par Dieu.
Le pape François disait, lors de l’angélus du 13 décembre 2020 : « L’invitation à la joie est caractéristique du temps de l’Avent : l’attente de la naissance de Jésus, l’attente que nous vivons est joyeuse, un peu comme lorsque nous attendons la visite d’une personne que nous aimons beaucoup, par exemple un ami que nous ne voyons plus depuis longtemps, un parent, … Nous sommes dans une attente joyeuse. »
Au milieu de ce temps d’Avent, l’Église fait une pause pour mieux viser la joie qu’elle prépare : la joie de Noël. Ce dimanche est celui où l’Eglise anticipe l’accomplissement de la promesse qui va se manifester à Noël. Le Seigneur est proche, il est venu, il reviendra et il est présent chaque jour de notre vie. En ce dimanche de la joie, du blanc, couleur de la Nativité et de la Résurrection, est versé dans le violet austère de l’Avent pour s’éclaircir en ce rose liturgique.
Les textes de ce dimanche nous donnent trois repères pour préparer Noël et vivre cette attente.
* Saint Paul nous dit : « discernez la valeur de toute chose », « priez sans relâche ». D’ailleurs, le psaume 94, qui ouvre chaque matin la prière des Laudes, nous y invite à pousser ce cri de joie : « Venez, crions de joie pour le Seigneur. »
* Isaïe nous dit que « le Seigneur [l]’a envoyé porter la bonne nouvelle aux pauvres, guérir ceux qui ont le cœur brisé, annoncer aux prisonniers la délivrance, aux captifs la liberté.
* L’évangile de ce matin nous dit de Jean-Baptiste qu’il « est venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui. » Se laisser éclairer par le Christ donne de la joie. Et si cette joie est visible, alors nous devenons témoins de sa lumière.
Être dans la joie chrétienne, c’est prier, agir et témoigner.
Pendant cette semaine, recherchons-le dans la prière et dans la rencontre vraie de tous les petits auxquels il s’identifie. Cette préparation, en même temps qu’elle ouvre aujourd’hui nos cœurs à la joie de la rencontre du Seigneur qui revient, nous dispose aussi à entretenir en nous le trésor de la présence de Dieu en ce monde.
Alors, oui, « soyons dans la joie ! » Faisons nôtre le slogan de la radio RCF, « la joie se partage ». Réjouissons-nous ensemble, chers frères et sœurs, vivons ce temps dans la joie de nous savoir éclairés par la lumière du Christ et rendons-lui grâce par cette eucharistie.
Arnaud d+
Homélie du 24ème dimanche du TO – Année A – 17 septembre 2023-
par le Diacre Arnaud Gazagnes
Chers frères et sœurs, ce qui m’a touché dans les différents textes de ce jour, c’est le thème du pardon. Vaste sujet que nous rencontrons tous, tous les jours dans notre vie familiale, vie de couple et parents, associative et professionnelle.
Petit exercice de calcul mental… Combien font 7 fois 70 ? 490. Bon.
Petit exercice de calcul. De combien de temps faut-il à un homme pour rembourser 60 millions de pièces d’argent s’il lui faut une journée pour gagner une pièce d’argent et s’il travaille 300 jours par an ? 200 000 années de travail ! Vous rendez-vous compte de la somme de travail nécessaire pour rembourser une telle dette ! C’est impossible pour cet homme.
Dieu nous demande de pardonner, de pardonner toujours, parce qu’il pardonne lui-même toujours. Le pardon, c’est un don de Dieu. Dans le mot « pardon », il y a le préfixe « par », qui dit que c’est le don total. On retrouve d’ailleurs ce préfixe dans « parfait » ou « parfum » (le meilleur des fumets).
Autant dire que c’est le don accompli, le don parfait. Il est donc gratuit ! Or un don, ça se reçoit, ça s’accueille, ça ne se négocie pas. Donc ce pardon nous est promis de toute façon et quoi qu’il advienne.
Dieu pardonne. Dans la parabole, le maître pardonne. C’est comme cela que Jésus illustre le thème du pardon. Il nous dit comment il faut pardonner, à quelle mesure, à quelle hauteur, il faut pardonner : comme Dieu, 7 fois 70 fois, jusqu’à la plénitude (symbolisée par le nombre 7) multipliée par 10 fois la plénitude, c’est-à-dire indéfiniment.
On se sent bien petit devant ces grands nombres, et devant cet appel à pardonner à ce niveau. D’autant plus que le pardon n’est pas toujours facile, notamment quand la blessure est encore active, ou ancienne et recouverte de tant de silence. Quand on pense au travail intérieur qui nous est nécessaire pour essayer de pardonner à une personne qui nous a blessé – ce qui prend parfois des années – cette demande de Jésus nous paraît exorbitante. Impossible. Hors de notre portée.
Je vais vous raconter deux moments que j’ai vécus.
Le premier remonte à quelques années, quand j’étais fiancé à Céline. J’avais en main son appareil photo qu’elle m’avait confié, et maladroitement, je l’ai fait tomber et je l’ai abîmé. Je lui ai demandé pardon. Elle avait bien vu que j’étais maladroit mais, même si elle était attristée – cet appareil avait de la valeur à ses yeux –, elle m’a pardonné. Elle s’est libérée de cette rancœur qu’elle aurait pu avoir au fond de son cœur. Elle ne m’avait pas résumé à mon acte ; elle m’avait dissocié de celui-ci. Elle m’a pardonné, sans toutefois avoir cautionné mon geste : je n’étais pas dispensé de racheter un appareil.
Le second remonte à quelques mois. En remplissant des administratifs pour mon père qui, entre autres, a des pertes de mémoire, j’ai commencé à maugréer car il ne savait plus où il avait rangé ses papiers. En voyant de la tristesse sur son visage, je lui ai expliqué que je ne lui en voulais pas mais que c’est plus la peur de reporter la conclusion du dossier, par manque de documents, qui m’avait fait agir ainsi. Je lui ai demandé pardon. Un sourire a été sa réponse. Son pardon m’a dit la totalité de l’amour qu’il me porte.
Pourquoi est-ce si important de pardonner ?
Dieu nous invite à pardonner parce que c’est son désir, parce qu’il nous veut unis et qu’il ne se satisfait pas de nos embrouilles, de nos divisions, de nos ruptures. Il nous veut libérés de tout ce qui pourrait empêcher l’amour entre nous. C’est pour cela qu’il nous demande de vivre le pardon, du fond de notre cœur.
Pardonner, c’est aussi apprendre à changer de regard sur l’autre. À ne pas réduire l’autre à ce qu’il a fait de mal mais à considérer toute sa personne et de lui donner une chance faire autrement, de changer, de progresser.
Pardonner, c’est effacer le mal qu’on a reçu et le recouvrir d’amour.
Pardonner, ce n’est pas s’humilier : pardonner, c’est grandir.
Je vous redis une phrase de la première lecture de ce jour : « Pense à ton sort final et renonce à toute haine ». Pardonner, c’est laisser Jésus nous rejoindre dans un chemin de résurrection. Et, sur ce chemin, découvrir que le pardon est une grâce.
Alors, chers frères et sœurs, comprenons bien ce que Jésus nous dit par cette parabole. Plus qu’une leçon de morale (« tu dois pardonner »), ce passage d’Evangile nous donne un chemin de vie et d’amour.
Je vous invite, en rentrant chez vous, à penser à une personne avec laquelle vous aller rentrer dans une démarche de pardon.
Seigneur, pardonne-nous nos offenses, et aide-nous à pardonner à ceux qui nous ont offensés.
Amen.
Homélie Arnaud 20230205
Homélie du 4ème dimanche du TO – Année A – 05 février 2023 –
par le Diacre Arnaud Gazagnes
Chers frères et sœurs,
Pour ce dimanche de la santé, il est question dans l’Évangile de sel et de lumière. Pouvait-il en être autrement ? C’est ce que je vous propose de méditer.
Sel de la terre
Le sel est l’élément qui va donner du goût à la nourriture et qui nous permet de l’apprécier, de la déguster.
Que veut nous dire Jésus en nous appelant sel de la terre ?
Il veut que nous donnions du goût à sa Bonne Nouvelle. Par la manière dont nous vivons la fraternité qui nous unit, dont nous faisons nôtre la charité et notre vie de fils de Dieu, pour que d’autres aient envie de la vivre.
Il veut que nous donnions du goût, mais humblement et discrètement, comme le sel au milieu du plat, en nous fondant au milieu des hommes, invisibles parce qu’en cohérence avec la vie actuelle, par nos actions et nos vies. Sans s’imposer arbitrairement, sans zèle excessif : on sait bien que trop de sel gâche un plat.
Lumière du monde
Jésus continue son propos en nous disant que nous sommes « la lumière du monde »… Autant le sel est un signe humble car il en faut peu pour l’apprécier fondu au milieu d’un plat, autant la lumière est un signe fort de reconnaissance, fait pour guider, éclairer, être vu et visible de loin. Mais il ne s’agit non pas d’éblouir mais d’éclairer.
Que veut nous dire Jésus en nous appelant lumière du monde ?
Il veut que nous éclairions ceux qui sont dans la maison, comme le dit l’évangile, c’est-à-dire d’essayer de donner plus d’humanité à un monde de violence, de rappeler la dignité et la richesse de toute vie humaine, depuis son origine jusqu’à sa fin, de vivre un amour d’époux, de parents, d’enfants dans l’unité et la fidélité.
Il faut nous laisser transpercer, tel un vitrail, par la lumière du Christ, pour qu’elle atteigne nos frères et sœurs en humanité. Beaucoup attendent une lumière dans la nuit de leur vie.
Des pistes
Des pistes pour répondre à cette mission ?
Isaïe le dit : « partage ton pain, recueille le malheureux, couvre l’homme dévêtu… », c’est dans la pratique de la charité, dans le regard d’amitié porté sur celui qui est différent, le sourire donné à la personne croisée, le temps passé au près d’une personne seule, celui donné à une association d’accueil de migrants, aux visites du dimanche au voisin seul, un échange (sur un livre, une actualité, par exemple) pour faire sortir une connaissance de l’isolement et de l’enfermement…
Autrement dit, par des actions toutes simples, à notre mesure, par nos actes d’amour, posés pour les autres.
Avec les malades
Et justement, nous vivons ce dimanche le dimanche de la santé ! Il est bon, en ce jour, non seulement de prier avec et pour les malades et de leur apporter une attention toute spéciale, mais aussi de réfléchir sur la maladie. Car la maladie, comme la mort, fait partie de notre condition humaine.
J’ai envie de dire : « Bienheureux les malades ! Ils sont lumière du monde ! » S’il y en a qui en sont bien convaincus, ce sont mes amis de Foi et… Lumière, personnes porteuses de handicap mental ! En quoi donc consiste cette béatitude des malades ? Ce n’est pas la maladie en elle-même qui est un bonheur ; c’est au « l’usage » qu’on en fait. Il s’agit non seulement de penser aux malades mais aussi aux personnes fragiles, aux personnes handicapées et aux personnes âgées, en institution ou à domicile. Mais aussi à l’ensemble des soignants (dont beaucoup sont en souffrance), à leurs familles et à leurs aidants. Je pense à nos amis du SEM, à nos amis de Foi et Lumière.
Ce qui est premier, c’est que toute notre vie soit remplie de l’amour de Dieu. Les corps disparaîtront, « l’amour ne passera jamais ». Personnellement, le fait de vivre avec une maladie chronique m’a touché dans ma propre vulnérabilité et m’a rendu sensible et attentif aux personnes fragiles autour de moi.
Chacun de nous a ses blessures, ses fêlures. Nous sommes appelés à reconnaître et à aimer notre fragilité, à laisser Dieu la caresser et à nous laisser guérir par son Amour. Nous sommes appelés à vivre dans l’espérance et la joie, même au milieu des difficultés. Groucho Marx avait affirmé, avec l’humour qu’on lui connaît : « bienheureux les fêlés, ils laissent passer la lumière ».
Ce que je veux dire aussi par cette béatitude, c’est que les personnes malades ou handicapées ont un rôle de thermomètre social : grâce à eux, on a la température ambiante de notre société. Dans cet esprit, nos voisins suisses nous le rappellent dans leur Constitution fédérale, où il est écrit que, je cite, « la force de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres ». Je bisse. « La force de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres ». Ceux-ci sont là pour nous rappeler l’urgence et l’importance de vivre en lumière du monde.
Conclusion
Par notre manière de vivre, d’aimer et d’accueillir, nous montrons au monde qu’il y a une place pour chacun dans le Royaume de Dieu.
Si nous sommes le « sel de la terre », c’est pour révéler à ceux qui nous entourent la saveur de leur vie. La vie est parfois dure mais la vie est belle.
Si nous sommes la « lumière du monde », c’est pour révéler sa beauté : le vrai visage des personnes et des choses ne se révèlent que sous un regard d’amour.
Alors, chers frères et sœurs, que vous répondrez-vous aux questions « comment suis-je sel de la terre ? comment suis-je lumière du monde ? »
Arnaud d+
Homélie du dimanche du Christ-Roi – 23 novembre 2021 –
par le Diacre Arnaud Gazagnes
Chers frères et sœurs, aujourd’hui, nous fêtons le Christ-Roi pour terminer l’année liturgique.
Christ, Roi ? Quelle est cette royauté ? Qu’est-ce que cela signifie pour nous de dire que le Christ est roi ? Est-ce un motif d’orgueil ? Est-ce une manière de dire que nous, qui sommes corps du Christ, nous régnons sur l’univers, et que tout le monde doit nous obéir ? Reprenons l’évangile de ce jour.
Cet Évangile est la rencontre d’un homme, Pilate, qui représente le Roi de Rome, avec Jésus. Pilate a entendu parler de Jésus, et aujourd’hui, voici qu’il le rencontre dans un face à face. Pilate l’interroge : « qu’as-tu donc fait ? ». Puis reformule sa question de départ, étonné ou ironique : « Alors tu es roi ? » Il est vrai que Jésus, qui est à la merci de Pilate, est probablement dans un sale état après avoir été flagellé, être passé dans un cachot et portant une couronne d’épines, loin d’une personne puissante, s’appuyant sur la force de son armée, qu’attend Pilate.
Y voyons-nous un roi ? Si l’on demandait aux enfants présents ici de représenter Jésus comme roi, je pense qu’ils lui dessineraient une couronne d’or (et non une couronne d’épines), un vêtement majestueux (et non une tunique qui sera arrachée et tirée au sort) et un trône pour dominer (et non une croix avec ses clous).
Tout au long de sa vie publique, Jésus n’a pas cessé de dire à ceux qu’il guérissait (des aveugles, des paralytiques, …) de ne rien dire à personne ; lorsqu’on voulait le faire roi, alors qu’il venait d’accomplir un miracle, il s’éclipsait, il disparaissait. Et voilà qu’aujourd’hui, dans ce dialogue avec son accusateur, alors que la partie semble définitivement perdue, il affirme sa royauté ! Aurait-il changé d’avis ?
Ce qui a changé, c’est sa situation. S’il avait accepté le couronnement lorsqu’il était dans une position favorable, sans doute que nous aurions de la royauté du Christ une fausse image. L’image d’un roi doté de « super pouvoirs », d’un roi dominateur et inaccessible, bref, d’un roi tout ce qu’il y a d’habituel chez les humains. Mais non, ce n’est pas ainsi que le Christ est roi !
Mais quel roi est Jésus ? Certainement pas celui d’une royauté à la manière des hommes, d’une royauté au sens de la question que pose Pilate « Es-tu le roi des juifs ? ». Sur ce point, Jésus et Pilate sont en complet décalage… La royauté du Christ n’est pas de ce monde, ne se vit pas à la manière de ce monde. Il n’est pas un roi au sens politique du terme. Il n’a pas de territoire. Son royaume est une manière d’être, une manière de vivre, une présence au cœur du monde : la présence de Dieu, Alpha et Oméga, source et but de toute vie.
Jésus renverse l’image que nous avons du roi.
J’ai envie de dire que, plutôt, il montre l’image du roi que chacun de nous est appelé à être dans notre vie de tous les jours.
En effet, si nous pensons au rôle du roi, nous pouvons dire qu’il assure la sécurité de ses sujets, qu’il recherche la paix, qu’il s’assure que chacun a de quoi manger, qu’il s’assure que les malades sont soignés, qu’il veille à ce que chacun reçoive une éducation pour trouver une place dans la société, qu’il rende la justice, par exemple.
Si l’on y réfléchit d’un peu plus près, c’est ce que, vous, parents, faites vis-à-vis de vos enfants. Nous recherchons la paix, en famille, en classe, au travail, par exemple, en prenant un moment avec mon collègue qui a besoin de confier une peine ou une difficulté. Et, si je suis un enfant, je peux aider mon camarade de classe qui peine sur une leçon.
Je pense aux services qui existent localement qui réalisent cette fonction royale : la Ressourcerie (sous notre église, ouverte le mercredi après-midi et le samedi matin !), le Secours Catholique, le CCFD. Je pense aussi à des mouvements d’Église, les Scouts (dont les animateurs et cadres de mon groupe étaient ensemble ce week-end), le MEJ, l’aumônerie, le caté, Foi et Lumière (qui accompagne des personnes handicapées mentales), mon groupe de prière du Sappel (qui accompagne des personnes du Quart-Monde). Et je pourrais continuer la liste ! Vous aussi !
Vous l’avez compris, chacun de nous, chacune de nous, peut dire : « Je peux être roi, reine, moi aussi, comme je suis, à mon niveau. »
En fait, ne vous tracassez pas. Tout est déjà prêt. Tout est déjà là. Notre baptême nous a rendus prêtre, prophète et roi. Prêtre pour prier et pour célébrer l’amour, prophète pour annoncer et dire notre espérance, et roi pour … ? Pourquoi roi ? Pour gouverner ? Pour dominer ? Non, pour servir. Jésus nous dit que celui qui est premier, il doit être dernier pour servir ses semblables. Voilà le cœur même du sens de la royauté dans la foi chrétienne.
Malgré les épreuves dans notre monde d’aujourd’hui,
- le Christ-Roi nous demande de tisser avec nos semblables des relations fraternelles de service et de paix (c’est la dimension royale de notre baptême) et il nous demande cette semaine de devenir des artisans de paix et de communion ;
- le Christ-Roi nous fait confiance pour contribuer à transformer le monde, non par la domination ou le pouvoir, mais par le service et l’attention à l’humain, surtout au malade, au pauvre, au souffrant et il nous demande cette semaine d’avancer avec la force des fragiles, d’avancer sur le chemin de l’Évangile ;
- le Christ-Roi, enfin, nous invite, comme avec Pilate, à être en vérité et il nous demande cette semaine de partager la joie de croire et de vivre, de partager la vérité qui nous fait vivre.
C’est ainsi que Jésus devient concrètement le Roi de l’univers. Et que ce royaume prend forme dans notre monde : cette royauté sera celle de la fraternité.
En préparant cette homélie, une pensée de François Mauriac, prix Nobel de littérature, m’est revenue : « Si vous ne brûlez pas d’amour, beaucoup mourront de froid. »
Vous avez probablement vu que la couleur liturgique aujourd’hui est le blanc. En effet, c’est aujourd’hui une solennité, une grande fête ecclésiale.
Chers frères et sœurs, fêter le Christ-Roi, c’est rejoindre chaque personne, quelle qu’elle soit, et célébrer avec elle la Vie, la Vie donnée avec l’Esprit, et nous engager à vivre comme notre Roi, le Christ, le Serviteur des serviteurs, par amour.
Fêter le Christ-Roi, c’est se souvenir que chaque personne est une image, imparfaite peut-être, mais une image de ce Christ et de contempler, en elle, l’œuvre de Dieu.
Amen.
Arnaud Gazagnes,
Diacre permanent
HOMELIE DU CINQUIEME DIMANCHE DE PAQUES – Père Michel Mankonga
Méditation de la 2e lecture de ce dimanche : 1e lettre de Jean 3,18-24.
En paix avec moi-même ?
Pas toujours facile… Il y a des moments où je m’en veux… de m’être énervé pour pas grand-chose, d’avoir raté un examen ou bâclé une tâche, de ne pas avoir réalisé tel voyage ou telle activité et de me dire : « maintenant c’est trop tard »… Il y a des moments où je ne suis pas fier de moi, quand je n’ai pas donné une piécette au mendiant qui tend sa sébile, quand je n’ai pas pris le temps de prendre des nouvelles de mes proches… Qui de nous n’a pas été traversé un jour ou l’autre par ces sentiments ? Pas facile de se réconcilier avec soi-même, d’être à la hauteur de ses rêves !
Et si on faisait confiance à un autre regard ?
« Si notre cœur nous accuse, Dieu est plus grand que notre cœur » (1e lettre de Jean 3,20). Le regard que Dieu pose sur moi, ce Dieu qui « connaît toutes choses » est plus vrai que l’appréciation que moi, j’ai de moi-même. Plutôt que nous juger nous-mêmes, laissons Dieu décider de notre valeur. Et cela en vaut la peine !
« Tu as du prix à mes yeux, tu as de la valeur et je t’aime », dit le Seigneur (Isaïe 43,4). Faire confiance à Dieu, c’est me découvrir plus grand et plus beau que ce que je peux imaginer de moi-même. C’est un chemin qui me fait grandir.
Croire en Dieu, c’est découvrir que Dieu croit en moi.
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HOMELIE DU QUATRIEME DIMANCHE DE PAQUES – Père Michel Mankonga
Jésus énumère trois caractéristiques qui font de lui le bon pasteur par excellente, le modèle pour tous :
a) Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis. Cela signifie beaucoup plus qu’être prêt à mourir pour les défendre du loup. Donner sa vie, cela se fait comme l’explique si bien le bienheureux Pierre Claverie goutte à goutte : par un regard, un sourire, un travail, un service dans tout ce que fait que la vie qui m’habite soit partagée, donnée livrée. Donner sa vie pour ses brebis cela signifie que toute sa vie leur est consacrée, d’une façon purement désintéressée, par amour, et non en vue d’un profit, d’une récompense ou d’un salaire. Celui qui n’aime pas ses brebis plus que sa propre vie n’est pas digne d’être un pasteur.
b) Il y a entre lui et ses brebis une relation personnelle. Il les connaît individuellement et elles le connaissent. Il ne s’agit pas d’une relation de supérieur à inférieur, mais bien une relation d’amitié. « Je ne vous appelle pas serviteur – dira-t-il un peu plus tard à ses disciples – car le serviteur n’est pas au courant de ce que fait son maître. Je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître. » (Jean 15,15). Un pasteur, selon Jésus, n’est donc pas quelqu’un qui commande, qui organise, qui distribue les directives, mais quelqu’un qui établit une relation d’amitié. Évidemment, pour qu’il y ait une vraie communauté chrétienne dans l’esprit de Jésus, il doit y avoir réciprocité, c’est-à-dire une véritable relation d’amitié, dans les deux sens.
c) La troisième caractéristique, est la création d’un « troupeau » dont personne ne se sentira exclu. « J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cette bergerie : celles-là aussi, il faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix : il y aura un seul troupeau et un seul pasteur. » Jésus affirme que toutes les brebis sont « siennes », même celles qui ne sont pas de son troupeau actuel : « J’ai… d’autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie…). En disant cela il va à l’encontre de l’exclusivisme, du particularisme et ce faisant il appelle tout pasteur à se sentir concerné par le bien être de l’humanité toute entière.
En ce dimanche, prions donc spécialement pour tous ceux qui, dans l’Église aussi bien que dans la société civile, ont un service pastoral. Prions aussi pour l’unité de tous les disciples de Jésus et pour l’unité de la grande famille des nations.—
HOMELIE DU TROISIEME DIMANCHE DE PAQUES – Père Michel Mankonga
Ce dimanche pourrait être appelé le “dimanche du témoignage”. En effet, le christ ressuscité invite se disciples à être ses témoins par le monde entier. Dans l’Évangile, alors même que les disciples qui revenaient d’Emmaüs étaient en train de raconter aux onze apôtres et à leurs compagnons ce qui s’était passé sur la route et comment ils avaient reconnu le Seigneur quand il avait rompu le pain, Jésus lui-même était là au milieu d’eux et il se fit reconnaître. Non ce n’est pas un esprit. Il est celui-là même qui a subi la Passion. Ses mains et ses pieds en gardent la trace. C’est bien le Crucifié qui est revenu à la vie. Il leur fait constater qu’il est vraiment ressuscité.
Cette rencontre extraordinaire a été un bouleversement pour les apôtres. Avec amour et patience, Jésus leur explique tout ce qui était écrit dans la loi de Moïse, les prophètes et les psaumes. Et c’est ce qu’il continue à faire le dimanche : quand nous nous rassemblons à l’église, il est là bien présent au milieu de nous. Il vient raviver notre foi ; il nous nourrit de sa Parole et de son Corps. Puis il nous envoie en mission pour témoigner de la foi qui nous anime. Ce qui nous est demandé, ce n’est pas de rester entre chrétiens à l’intérieur de l’Église. En effet, l’apparition du ressuscité à ses apôtres se termine par ces paroles : « Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour, et que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. A vous d’en être les témoins. » Tout ce que le Christ demande à ses disciples c’est d’être ses témoins. Donc notre témoignage doit rejoindre tous les hommes, en particulier ceux qui sont dans les “périphéries”, ceux qui ne connaissent pas le Christ, ceux qui n’ont pas célébré Pâques. Pour cela, nous ne pouvons pas nous contenter de belles paroles. Jésus ne nous a pas envoyés pour cela. Le plus important c’est de tout faire pour que ces paroles se traduisent en actes dans nos vies. Il faut que nous soyons de plus en plus ajustés à cet amour qui est en Dieu. En y regardant de près, nous reconnaissons que nous sommes loin du compte. Mais le Seigneur n’a jamais cessé de nous aimer. S’il nous offre son pardon, c’est pour que nous puissions devenir de vrais témoins de la foi. Pour être de vrais messagers du Christ, nous avons besoin d’être complètement imprégnés et habités par sa présence. C’est SA lumière, SON amour que nous avons à communiquer au monde d’aujourd’hui. Si nous ne prenons pas le temps de l’accueillir dans notre vie, rien ne se passera. Nous serons comme le sel affadi qui n’est plus bon à rien.
C’est en ce sens que la première lecture de ce jour nous parle du discours-témoignage de Pierre après la guérison de l’infirme de naissance à la Porte du Temple. Alors que tout le monde avait les yeux fixés sur lui à cause du miracle qu’il venait d’opérer, Pierre s’adresse à la foule stupéfaite et explique que ce n’est pas par ses propres forces qu’il a pu opérer cette guérison. C’est Jésus, celui-là même que vous aviez livré ; vous aviez renié en présence de Pilate, qui était décidé à le relâcher, que vous aviez rejeté, ce Saint et ce Juste que vous avez renié tout en demandant qu’on vous accorde la grâce d’un meurtrier, LUI le chef des vivants que vous avez tué ; mais que Dieu a ressuscité d’entre les morts, c’est lui qui est le principal acteur de cette guérison. Pierre ne rate pas cette occasion pour prêcher qu’il est témoin de sa résurrection. Pour terminer son discours, Pierre invite ses auditeurs à se convertir et à revenir à Dieu.
C’est aussi cet appel que nous adresse saint Jean dans la 2ème lecture : “Je vous écris pour que vous évitiez le péché.” C’est donc un appel à ne pas nous détourner de l’amour de Dieu et de nos frères. “Mais si l’un de vous vient à pécher, nous avons un défenseur devant le Père, Jésus le Juste.” Jésus devient notre premier défenseur auprès du Père, notre premier avocat ; Voilà une bonne nouvelle de la plus haute importance. Il nous faut tout faire pour qu’elle soit proclamée partout dans le monde. Le Christ ressuscité n’a jamais cessé de vouloir ramener tous les hommes à Dieu.
L’Évangile de ce dimanche nous rappelle avec force qu’à l’instar des disciples d’Emmaüs, deux moments importants nous sont désormais offerts pour rencontrer le Christ :
1° L’écoute de la Parole : Lire les Écritures, prier les psaumes, prendre le temps d’approfondir sa foi, c’est entrer dans le plan de Dieu. C’est se préparer à recevoir le Christ. Profitons de cette chance qui nous est encore offerte de lire la Bible librement pour remplir notre cœur et notre vie de la joie de l’évangile en y découvrant le Christ qui vient toujours à notre rencontre quand nous lisons l’Ecriture. Notre cœur n’était-il pas tout brûlant tandis qu’ils nous entretenaient en chemin, s’étaient exclamés les disciples. Laissons notre cœur brûler à la flamme de l’amour qui jaillit des Ecritures.
2° La Fraction du Pain (C’est le nom qui était donné à l’Eucharistie). Profitons aussi de ce moment privilégié qui nous est offert pour recevoir dans nos mains, puis dans nos cœurs le Seigneur qui vient nous rassasier de toutes nos faims de justice, d’amour, de paix, de droiture. C’est là que nous puisons nos forces en vue de la mission que le Seigneur nous confie pour être ses témoins.
Amen !
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Homélie du 2ème dimanche de Pâques 11/04/2021 – dimanche de la Divine Miséricorde – par le Pape François
Jésus ressuscité apparaît aux disciples plusieurs fois. Avec patience il console leurs cœurs découragés. Après sa résurrection, il opère ainsi la “résurrection des disciples”. Et eux, relevés par Jésus, changent de vie. Avant, de nombreuses paroles et de nombreux exemples du Seigneur n’avaient pas réussi à les transformer. Maintenant, à Pâques, il se passe quelque chose de nouveau. Et cela arrive dans le signe de la miséricorde. Jésus les relève avec la miséricorde – il les relève avec la miséricorde – et eux, bénéficiaires de la miséricorde, deviennent miséricordieux. C’est très difficile d’être miséricordieux si quelqu’un ne se rend pas compte qu’il est bénéficiaire de la miséricorde.
- Avant tout ils sont bénéficiaires de la miséricorde, à travers trois dons : d’abord Jésus leur offre la paix, puis l’Esprit, enfin ses plaies. En premier lieu il leur donne la paix. Ces disciples étaient angoissés. Ils s’étaient enfermés dans la maison par crainte, par peur d’être arrêtés et d’avoir la même fin que le Maître. Mais ils n’étaient pas enfermés seulement dans la maison, ils étaient aussi enfermés dans leurs remords. Ils avaient abandonné et renié Jésus. Ils se sentaient incapables, bons à rien, mauvais. Jésus arrive et répète deux fois : “Paix à vous !”. Il n’apporte pas une paix qui enlève les problèmes du dehors, mais une paix qui répand la confiance à l’intérieur. Pas une paix extérieure, mais la paix du cœur. Il dit : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie » (Jn 20, 21). C’est comme s’il avait dit : “Je vous envoie parce que je crois en vous”. Ces disciples découragés sont réconciliés avec eux- mêmes. La paix de Jésus les fait passer du remord à la mission. La paix de Jésus suscite en effet la mission. Ce n’est pas la tranquillité, ce n’est pas le confort, c’est sortir de soi. La paix de Jésus libère des fermetures qui paralysent, rompt les chaînes qui retiennent le cœur Et les
disciples se sentent bénéficiaires de la miséricorde : ils sentent que Dieu ne les condamne pas, ne les humilie pas, mais croit en eux. Oui, il croit en nous plus que nous croyons en nous-mêmes. “Il nous aime plus que nous nous aimons” (cf. S.J.H. Newman, Meditations and devotions, III,12,2).
Pour Dieu, personne n’est mauvais, personne n’est inutile, personne n’est exclu. Jésus aujourd’hui répète encore : “Paix à toi, qui es précieux à mes yeux. Paix à toi, qui es important pour moi. Paix à toi, qui as une mission. Personne ne peut l’effectuer à ta place. Tu es irremplaçable. Et je crois en toi”.
Deuxièmement, Jésus fait miséricorde aux disciples en leur offrant l’Esprit Saint. Il le donne pour la rémission des péchés (cf. vv : 22-23). Les disciples étaient coupables, ils avaient fui en abandonnant le Maître. Et le péché tourmente, le mal a son prix. Notre péché, dit le Psaume (cf. 51, 5), est toujours devant nous. Seuls nous ne pouvons pas l’effacer. Seul Dieu l’élimine, seul, avec sa miséricorde, il nous fait sortir de nos misères les plus profondes. Comme ces disciples, nous avons besoin de nous laisser pardonner, de dire de tout cœur : “Pardon Seigneur”. Ouvrir notre cœur pour nous laisser pardonner. Le pardon dans l’Esprit Saint est le don pascal pour renaître à l’intérieur. Demandons la grâce de l’accueillir, d’embrasser le Sacrement du pardon. Et de comprendre qu’au centre de la Confession ce n’est pas nous avec nos péchés, mais Dieu avec sa miséricorde. Nous ne nous confessons pas pour nous décourager, mais pour nous faire relever. Nous en avons tant besoin, tous. Nous en avons besoin comme les petits enfants, toutes les fois qu’ils tombent, ils ont besoin d’être relevés par le papa. Nous aussi, nous tombons souvent. Et la main du Père est prête à nous remettre debout et à nous faire aller de l’avant. Cette main sûre et fiable est la Confession. Elle est le Sacrement qui nous relève, qui ne nous laisse pas par terre à pleurer sur le sol dur de nos chutes. Elle est le Sacrement de la résurrection, elle est pure miséricorde. Et celui qui reçoit les Confessions doit faire sentir la douceur de la miséricorde. Et c’est cela le chemin de ceux qui reçoivent les confessions des gens : faire sentir la douceur de la miséricorde de Jésus qui pardonne tout. Dieu pardonne tout.
Après la paix qui réhabilite et le pardon qui relève, voici le troisième don avec lequel Jésus fait miséricorde aux disciples : il leur offre ses blessures. Par ces blessures nous sommes guéris (cf. 1 P 2, 24 ; Is 53, 5). Mais comment une blessure peut-elle nous guérir ? Avec la miséricorde. Dans ces plaies, comme Thomas, nous touchons du doigt le fait que Dieu nous aime jusqu’au bout, qu’il a fait siennes nos blessures, qu’il a porté dans son corps nos fragilités. Les plaies sont des canaux ouverts entre lui et nous, qui reversent sa miséricorde sur nos misères. Les plaies sont les voies que Dieu nous a grandes ouvertes pour que nous entrions dans sa tendresse et que nous touchions du doigt qui il est. Et que nous ne doutions plus de sa miséricorde. En adorant, en embrassant ses plaies nous découvrons que chacune de nos faiblesses est accueillie dans sa tendresse. Cela arrive dans chaque Messe, où Jésus nous offre son Corps blessé et ressuscité : nous le touchons et il touche nos vies. Et il fait descendre le Ciel en nous. Ses plaies lumineuses percent les ténèbres que, nous, nous portons à l’intérieur. Et nous, comme Thomas, nous trouvons Dieu, nous le découvrons intime et proche, et émus nous lui disons : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (Jn 20, 28). Et tout naît d’ici, de la grâce d’être bénéficiaires de la miséricorde. A
partir d’ici commence le cheminement chrétien. Si au contraire nous nous basons sur nos capacités, sur l’efficacité de nos structures et de nos projets, nous n’irons pas loin. Seulement si nous accueillons l’amour de Dieu nous pourrons donner quelque chose de nouveau au monde.
- Ainsi ont fait les disciples : bénéficiaires de la miséricorde, ils sont devenus miséricordieux. Nous le voyons dans la première Lecture. Les Actes des Apôtres racontent que « personne ne disait que ses biens lui appartenaient en propre, mais ils avaient tout en commun » (4, 32). Ce n’est pas du communisme, c’est du christianisme à l’état pur. Et c’est d’autant plus surprenant si nous pensons que ces mêmes disciples peu avant s’étaient disputés sur les récompenses et les honneurs, sur celui qui était le plus grand parmi eux (cf. Mc 10, 37 ; Lc 22, 24). Maintenant ils partagent tout, ils ont « un seul cœur et une seule âme » (Ac 4, 32). Comment ont-ils fait pour changer ainsi ? Ils ont vu dans l’autre la même miséricorde qui a transformé leur vie. Ils ont découvert d’avoir en commun la mission, d’avoir en commun le pardon et le Corps de Jésus : partager les biens terrestres a semblé une conséquence Le texte dit ensuite qu’« aucun d’entre eux n’était dans l’indigence » (v. 34). Leurs craintes s’étaient dissoutes en touchant les plaies du Seigneur, maintenant ils n’ont pas peur de soigner les plaies des nécessiteux. Parce qu’ils y voient Jésus. Parce que là il y a Jésus, dans les plaies des nécessiteux.
Sœur, frère, tu veux une preuve que Dieu a touché ta vie ? Vérifie si tu te penches sur les blessures des autres. Aujourd’hui c’est le jour où nous nous demandons : “Moi, qui tant de fois ai reçu la paix de Dieu, qui tant de fois ai reçu son pardon et sa miséricorde, suis-je miséricordieux avec les autres ? Moi, qui si souvent me suis nourri du Corps de Jésus, est-ce que je fais quelque chose pour nourrir celui qui est pauvre ?”. Ne restons pas indifférents. Ne vivons pas une foi à moitié, qui reçoit mais ne donne pas, qui accueille le don mais ne se fait pas don. Nous avons été touchés par la miséricorde, devenons miséricordieux. Parce que si l’amour finit avec nous-mêmes, la foi se dessèche dans un intimisme stérile. Sans les autres elle devient désincarnée. Sans les œuvres de miséricorde elle meurt (cf. Jc 2, 17). Frères, sœurs, laissons-nous ressusciter par la paix, par le pardon et par les plaies de Jésus miséricordieux. Et demandons la grâce de devenir témoins de miséricorde. Seulement ainsi la foi sera vivante. Et la vie sera unifiée. Seulement ainsi nous annoncerons l’Évangile de Dieu, qui est Évangile de miséricorde.
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Homélie du vendredi Saint 2021 – Diacre Jean-Baptiste Hibon
Quel cinéma !
Ne trouvez-vous pas que le scénario de la passion selon St Jean est génial ?
Bien écrit, bonne intrigue avec un casting formidable. Nous pourrions croire à une grande production !
Il y a des bons, des brutes et des truands ! Haine et amour … un complot ! Un final pour une histoire dramatique, écrite par quatre scénaristes géniaux !
Mais voilà, il y a un petit problème ! … C’est que ce n’est pas une fiction ! C’est la réalité !
JESUS EST MORT !
Nous ne commémorons pas la mort de Jésus, il y a 21 siècles mais Jésus est mort, aujourd’hui !
Il est mort pour nous. Qu’est-ce à dire exactement ? Quelquefois c’est vague, trop global.
Essayons de personnaliser cet événement.
Je vous propose de regarder la mort de Jésus à l’aune des 7 péchés capitaux car premièrement, Jésus est mort pour nous sauver du péché et deuxièmement, nous avons les nôtres, souvent les mêmes car nous manquons d’innovation dans ce domaine et heureusement !
Je vous donne un moyen mnémotechnique pour vous souvenir de ce que nous avons tendance à oublier.
A.C.E.G – L.O.P
Dans nos Avarices, tout avoir, tout garder ; Jésus nous attend !
Dans nos Colères, et il y a matière, en ce moment, en voyant l’état du monde, eh bien Jésus est là !
Dans nos Envies, surtout désirs mimétiques, vouloir ce que l’autre a : Jésus est là !
Dans nos Gourmandises, et c’est tellement bon ! Dieu vient nous chercher.
Dans nos Luxures, ces plaisirs si inavouables, Jésus est encore là !
Dans nos Orgueils, vouloir avoir toujours raison, Jésus est toujours là !
Dans nos Paresses, Jésus reste là !
En fait, Jésus est là partout, dans chaque recoin de nos vies, les plus sombres, il est mort. Non pas pour nous dire, vas-y mon petit, continue dans cette voie mais pour nous attirer à la vérité, à reconnaître qu’un autre chemin est possible. Alors si Jésus est partout même dans la mort, de quoi avons-nous peur ? De la vérité ?
Mais qu’est-ce que la vérité ? Dialogue formidable entre Pilate et Jésus.
Eh bien cette vérité, mes frères est que c’est par la croix que la Joie est entrée dans le monde. Joie profonde d’être membres d’un royaume qui n’est pas de ce monde, dans la mesure où nous recevons tout de la vie de notre cher Jésus.
D’ailleurs au début de cet office, les célébrant, se prosternent, s’allongent devant l’autel. C’est un symbole fort, surprenant, réactivation de ce que nous avons fait à notre ordination. La prostration est le signe de l’anéantissement total, la kénose où seul un plus grand que l’homme peut le relever !
Telle est la foi chrétienne :
Mort où est ta victoire ?
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Homélie du jeudi saint – 01 avril 2021 – Père Michel Mankonga
Dans l’évangile d’aujourd’hui, Dieu se met à genoux pour nous offrir le salut. Le laisserons-nous nous combler de sa tendresse ?
Jésus se mit à laver les pieds des disciples. Il s’agit d’un geste qui était réservé aux esclaves. Au temps de Jésus, on marchait pieds nus ou en sandales. La chaleur et la poussière nécessitaient que les pieds soient lavés. C’est à l’esclave qu’il revenait de laver les pieds du maître et de ses hôtes.
Dans ce geste de service humble, pour ne pas dire humiliant, nous contemplons le Christ qui, à l’heure pour lui de passer de ce monde à son Père, aima les siens jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’au don de sa vie : « il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jn 15, 13). L’ombre de la croix, chemin mystérieux de notre rédemption, se profile. L’ombre de la croix où l’amour du Dieu se manifeste est signifiée dans cet abaissement du Christ qui se met à genoux pour laver les pieds de ses disciples. L’ombre de la croix où la gloire de Dieu s’exprime de manière déroutante est anticipée dans cet humble service. La croix c’est le lieu où le Christ grand prêtre s’offre en victime sur l’autel du bois du supplice et nous rachète de l’esclavage du péché. Il expira d’une telle manière qu’un centurion païen déclarera : « Vraiment, cet homme était le Fils de Dieu ».
« Par un acte symbolique, – le lavement des pieds – Jésus manifeste l’ensemble de son service salvifique. Il se dépouille de sa splendeur divine. Il s’agenouille, pour ainsi dire, devant nous, il lave et sèche nos pieds sales pour nous rendre capables de participer au banquet nuptial de Dieu » comme Benoît 16 l’a dit une fois. ( Joseph Ratzinger (Benoît XVI), Jésus de Nazareth, De l’entrée à Jérusalem à la Résurrection, Éditions du Rocher, 2011, p.77.)
Cette réalité sublime et déroutante, saint Paul la rappelle dans son grand hymne christologique de sa lettre aux Philippiens : « Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers, et que toute langue proclame : Jésus Christ est Seigneur à la gloire de Dieu le Père » (Ph. 2, 5-11).
Dieu se met à genoux comme pour nous supplier de nous laisser sauver par Lui. Il livre son corps et verse son sang pour nous, pour la multitude en rémission des péchés.
Mais le geste de Jésus a aussi une dimension morale. Il est une invitation au service. « Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. » Autrement dit, il nous rappelle le commandement de l’amour : « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé ».
Nous pourrions demander deux grandes grâces au Seigneur : celle d’aimer et celle de se laisser aimer. Celle de servir et celle de se laisser servir. Il se met à genoux devant nous. Le laisserons-nous nous combler de sa tendresse ? Il nous donne l’exemple du service. Emprunterons-nous un chemin d’humilité similaire au sien pour servir nos frères et se laisser servir ?
Retenons que le vrai amour, en actes et en vérité, nous fait passer de la mort à la vie. I Jean 3. Amen.
Homélie du dimanche des Rameaux – Père Michel
«Ayant aimé les siens, il les aima jusqu’au bout»
Autour de Jésus s’est développée une animosité qui est devenue graduellement de la violence aveugle, de plus en plus communicative. D’abord la haine des membres du sanhédrin, composé de pharisiens et de Sadducéens. Elle s’étend ensuite à tout le peuple qui finit par crier d’une seule voix à Pilate : «Crucifie-le».
Le Seigneur est accusé dans deux procès différents: un procès «religieux», devant les grands prêtres et devant les 70 membres du Sanhédrin… et un procès «politique», devant Pilate, représentant de l’empire romain. Au cours de ces deux procès, son identité véritable nous est révélée.
Jésus – le maître de la riposte qui jamais n’a perdu un argument face à ses adversaires – n’a parlé brièvement que trois fois au cours de ces deux procès. Son silence est impressionnant en raison même des questions qu’on lui pose. Devant le Grand Prêtre, il affirme être le Messie, le Fils de l’Homme. Face à Pilate, il reconnait être le Roi des Juifs, mais pas comme les rois de ce monde. Sur la croix, il reprend la plainte du Serviteur souffrant du prophète Isaïe : «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?»
S. Marc met l’accent sur les éléments humains les plus dramatiques de la condamnation de Jésus. Au jardin de Gethsémani, il est «triste à mourir», il commence à sentir l’angoisse et la peur, il implore le Père de lui éviter cette mort tragique. Il ne trouve personne pour le consoler (ses trois amis les plus proches se sont endormis). Il est trahi, renié et tous les disciples l’abandonnent. Un assassin, Barrabas, est relâché à sa place, on se moque de lui et on le couvre de blessures. Sur le calvaire, au milieu des souffrances atroces de la crucifixion, on lui lance des insultes. Seules quelques femmes de ses amies observent de loin. À la fin, le Christ a l’impression que Dieu lui-même l’a abandonné. Sur la croix, toutes les douleurs, toutes les larmes, toutes les angoisses de nos vies sont réunies et Dieu est solidaire de toutes les souffrances qui étouffent notre monde.
Les trois autres évangélistes soulignent beaucoup moins cet aspect dramatique de la passion. Marc croit profondément dans l’incarnation de Dieu qui est devenu l’un de nous, avec tout ce que la vie apporte d’angoisses et de misère. Le Christ crucifié s’identifie à toutes nos souffrances et aux souffrances de ceux et celles qui meurent à cause des famines, des discriminations, des guerres, des tortures, des génocides.
Comme vous avez remarqué, les lectures de ce dimanche nous présentent deux processions. La première conduit Jésus dans la ville de Jérusalem où il est accueilli avec enthousiasme (procession des rameaux). L’autre l’entraîne hors de la cité, condamné à la mort la plus atroce imaginée par les hommes. Dans la liturgie des rameaux, il est acclamé comme «Fils de David… qui vient au nom du Seigneur». Dans la procession de la passion, la foule lance des cris de haine envers celui qui est condamné à mort, malgré le fait qu’il «ait passé sa vie à faire du bien». Dans la première procession, les gens étendent leurs vêtements sur la route pour lui rendre hommage, dans la seconde on lui enlève ses vêtements et on le couvre de blessures, de ridicule et d’injures. C’est la dualité de la réponse que l’on donne à Dieu à travers l’histoire… Parfois, nous lui permettons d’entrer chez-nous et parfois nous le rejetons violemment hors de nos vies.
Pour Marc, le véritable sens de la «Bonne Nouvelle de Jésus Christ, le Fils de Dieu» est révélé sur la croix. L’expression qui sort des lèvres du centurion romain est la synthèse de sa théologie : «Vraiment, cet homme est le Fils de Dieu». Le «secret messianique» de saint Marc est alors dévoilé et Jésus dit enfin qui il est. Pendant toute sa vie publique, il avait demandé aux gens de garder le silence sur son identité, car on ne pouvait vraiment «comprendre» Dieu qu’en regardant la croix : il est «fils», il est «roi», mais pas comme les hommes se l’imaginent… Il est tout amour, il est l’amour absolu, qui meurt pour «les autres»… Ce roi est le serviteur sans privilège et sans domination, qui «est venu pour servir et non pour être servi».
Chez saint Marc, c’est la façon dont Jésus donne sa vie qui déclenche l’admiration du centurion : … ayant vu qu’il avait ainsi expiré… (Mc 15, 39). Pour ce rude militaire, c’est précisément parce que Jésus est allé jusqu’au bout de son amour, jusqu’à la mort sur la croix qu’il se révèle vraiment comme Fils de Dieu. La toute-puissance de Jésus est la faiblesse de son amour : «Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’au bout».
Homélie du cinquième dimanche de Carême – Père Michel
Je veux voir Dieu !
« Nous voudrions voir Jésus. » Telle est la demande formulée par quelques Grecs, sympathisants du judaïsme, à Philippe, l’un des douze. Il est très probable, en passant, que le choix de Philippe comme intermédiaire tient au fait, comme son nom de consonance grecque l’indique et comme le suggère aussi son origine galiléenne, qu’il maîtrisait un tant soit peu la langue de Platon et d’Aristote. Cette demande et l’origine païenne de ceux qui la pose interpellent encore aujourd’hui. Elles convoquent notre foi à un double titre. D’abord, par la façon dont Dieu se donne à contempler. Dans la foi, comment pouvons-nous voir Jésus, ici et maintenant ? Ensuite, par l’universalisme du salut en Jésus Christ signifié par l’attirance des nations dites « païennes » ou « grecques », selon le langage de l’antiquité, par le Christ et la Bonne Nouvelle.
Saint Irénée de Lyon écrivait au 2ème siècle : « La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant ; la gloire de l’homme, c’est la vision de Dieu ». Voir Dieu, se laisser remplir de bonheur par la vision de sa Beauté, telle est sans doute l’une des aspirations les plus profonde du cœur humain. Se laisser remplir par la Beauté inouïe d’un Dieu dont l’être est « Amour ». Amour et Beauté se conjuguent, l’amour donnant de l’éclat à celui qui aime et suscitant la détente des traits de celui qui est aimé. Il me semble que nous pouvons voir la présence de Dieu dans la beauté : celle d’un paysage, d’une œuvre d’art mais aussi dans l’éclat divin du regard d’une personne qui aime. Le visage du Christ, discernable en tout être humain, en particulier dans ceux qui souffrent, est visible aussi dans la lumière qui se dégage d’un être humain qui donne, se donne, aime sincèrement, authentiquement. Il me semble déceler sur le visage d’une Mère Térésa ou encore un portait de saint Vincent de Paul, l’éclat de la beauté divine. Paradoxalement, le visage tuméfié du Christ en croix est profondément beau car il exprime jusqu’où va son amour pour chacun. Cet amour retentit d’une manière particulière lorsqu’il déclare : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. »
Jésus, dans l’Évangile de ce jour, dit explicitement : l’Heure est venue, le moment favorable où s’accomplit le salut est arrivé. Le grain de blé tombé en terre va mourir et donner beaucoup de fruit. La croix et la résurrection se profilent dans les paroles du Christ. L’intervention des Grecs signifie déjà que le salut en Jésus-Christ est pour tous, c’est-à-dire pour tous ceux qui sont disposés à l’accueillir. Il n’est pas réservé à une élite quelconque. Les bras de Dieu sont ouverts pour tous, aux dimensions de tous les peuples de la terre d’hier, d’aujourd’hui et de demain.
Seigneur, fais-nous grandir sur le chemin de l’amour et dispose les cœurs de tous à accueillir ton amour : que pas un ne se perde !
Amen
Bon dimanche à tous.—
Homélie du 4ème dimanche du carême B – Père Michel
Il y a un mot qui revient souvent dans l’évangile c’est le mot l umière. La première chose que l’évangile nous dit de la lumière c’est qu’elle est venue dans le monde. A propos de la lumière qui est venue dans le monde, je me souviens d’un baptême célébré le jour de Noël et du geste posé lors de cette célébration. Je vous le montre.
Pour permettre au parrain d’allumer le cierge de son filleul à la flamme du Cierge pascal, j’ai pris le Cierge pascal pour le mettre à terre ce qui a permis au parrain d’allumer le cierge de baptême de son filleul.
C’est après avoir fait ce geste que je me suis dit au fond c’est cela Noël : c’est la lumière de Dieu qui, en Jésus, est venue jusqu’à nous pour s’offrir et se rendre accessible à notre humanité. Sans cette venue de Jésus en notre monde, la lumière de Dieu serait restée inaccessible.
Cette lumière de Dieu venue dans notre monde ne s’impose pas à nous mais elle nous met devant un choix : allons-nous venir à la lumière ou préférons-nous rester dans les ténèbres ?
L’évangile de ce dimanche qui nous parle de la lumière venue dans le monde nous prépare, comme chaque évangile du Carême, au renouvellement de notre baptême que nous ferons lors de la fête de Pâques. Le baptême est en effet le sacrement par lequel nous venons à la lumière. Dans l’antiquité chrétienne on appelait couramment le baptême « illumination » parce qu’il est lumière éclatante. C’est Clément d’Alexandrie qui, au III siècle, dit ceci :
« Le baptême est illumination, par laquelle nous contemplons la sainte lumière du salut, c’est-à-dire par laquelle nous pouvons voir Dieu… Purifiés par le baptême, nous courons vers la lumière éternelle comme des enfants vers leur père… »
Saint Augustin presse les catéchumènes de se hâter de courir au bain du baptême, s’ils cherchent la lumière.
Si lors de la veillée pascale ce ne sont pas seulement les nouveaux baptisés qui tiendront dans leurs mains un cierge allumé mais tous les baptisés c’est bien pour nous dire que ce don de la lumière qui nous est fait au baptême c’est un don à accueillir chaque jour.
Si le don de la lumière nous est fait au baptême ce n’est pas seulement pour que la lumière de la Résurrection, qui dissipe les ténèbres de la mort, puisse éclairer nos nuits mais c’est aussi pour que nous apportions la lumière dans l’obscurité de ce monde, et la chaleur là où il fait froid et là où menace l’insensibilité.
Il est frappant de constater que là où la mort a frappé que ce soit suite à un accident, un attentat le premier réflexe chez beaucoup de personnes, quelles que soient d’ailleurs leurs convictions philosophiques ou religieuses, c’est d’apporter de la lumière sur le lieu même du drame.
Prenons le temps de contempler ce geste qui consiste à apporter de la lumière dans les lieux de ténèbres et demandons-nous chacun à qui au cours de cette semaine, je vais apporter de la lumière. Car si nous sommes venus à la lumière en venant participer à l’eucharistie c’est pour que, habités par cette lumière reçue, nous la portions à ceux qui en ont besoin.
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Homélie du 2ème dimanche du carême B – Père Michel Mankonga
L’évangile de ce deuxième dimanche de Carême attire notre attention sur l’importance du regard. Les Pères orientaux, dans leurs commentaires sur la Transfiguration, disent qu’en fait ce n’est pas Jésus qui a changé, mais le « regard » des apôtres qui, illuminés par l’Esprit saint, ont pu entrevoir la véritable identité de Jésus.
Seuls les yeux de la foi, éclairés par l’Esprit saint, peuvent entrevoir, dans l’humanité de Jésus, la présence de Dieu. Et ce n’est pas un simple détail si c’est sur une haute montagne que les disciples perçoivent en profondeur qui est Jésus.
Cette haute montagne c’est le symbole de tout ce qui nous permet de prendre de la hauteur par rapport à notre vie quotidienne et aux personnes que nous côtoyons, c’est le symbole de « tout lieu de prière », qui est une école du regard. C’est en effet en priant à l’écart, loin de toute agitation, que nous apprenons à « regarder » toutes choses dans la lumière de Pâques, à discerner la présence de Dieu dans l’épaisseur du quotidien et en tout visage d’homme, même défiguré par le mal.
En écoutant cet évangile, je me suis demandé pourquoi Pierre, Jacques et Jean sont les seuls disciples à être emmenés par Jésus à l’écart sur une haute montagne. S’agit-il d’un favoritisme ? Peut-être que les autres avaient également été invités par Jésus mais pour de multiples raisons, ils ont préféré décliner l’invitation.
Nous aussi, nous avons tous été invités par Jésus, dès le début du Carême à nous rendre à l’écart sur une haute montagne lorsqu’il nous a dit dans l’évangile du mercredi des cendres : « Mais toi, quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret »
La prière à l’écart, sur une haute montagne nous donne de voir comment Dieu, notre Père est présent dans les évènements de notre vie. Même dans les plus épaisses ténèbres, elle nous fait apercevoir la main de Dieu. C’est ainsi que nous pouvons dire comme le psalmiste : ta main me conduit…
Il y a quelques jours, un membre l’équipe baptême de notre paroisse et moi, nous nous sommes rendus au domicile de parents pour préparer le baptême de leur enfant. Cette rencontre, nous l’avons vécue comme si nous étions à l’écart sur une haute montagne.
En effet, nous avons été très touchés par le regard illuminé par la foi, l’espérance et l’amour de ces parents sur leur enfant qui est né différent.
Tout en nous partageant les souffrances et les difficultés rencontrées à la naissance de leur enfant, ces parents nous ont témoigné, à la lumière d’un psaume qui dit à Dieu « étonnantes sont tes œuvres » qu’ils accueillent leur enfant comme une des œuvres de Dieu.
A la suite de Pierre, Jacques et Jean, répondons, nous-aussi, à cet appel de Jésus à venir à l’écart sur cette haute montage que peut être un espace de prière aménagé dans notre maison, notre église paroissiale ouverte tous les matins jusqu’à midi ou tout autre lieu. Nous pourrons ainsi prendre de la hauteur sur ce que nous vivons pour y percevoir, même dans nos difficultés, la présence de Dieu.
Ce temps que nous prenons, sur invitation de Jésus, pour prendre de la hauteur n’est pas une fuite des réalités de ce monde, mais un approfondissement du temps présent, la découverte de la dimension cachée, intérieure, des êtres et des choses et une école du regard. Bon dimanche à tous.
Homélie du 6ème dimanche de l’année B du temps ordinaire – 14 févr.-21
Par le diacre Jean-Baptiste Hibon
Frères et sœurs, quelle extraordinaire actualité, ces textes que l’église nous donne ce dimanche. Permettez-moi de rapprocher ces deux maladies, la lèpre et le Covid19. Je ne veux pas les comparer en termes de dangerosité mais en termes d’attitudes vis-à-vis d’elles.
A la fin de la première lecture, n’avez-vous pas l’impression d’entendre une des conférences de presse gouvernementales de ces dernières semaines ?
« ll se couvrira le haut du visage jusqu’aux lèvres,
et il criera : “Impur ! Impur !”
Tant qu’il gardera cette tache, il sera vraiment impur.
C’est pourquoi il habitera à l’écart,
son habitation sera hors du camp. »Le masque et bientôt le vaccin serviront-ils de sésames pour retrouver la pureté ? Le mal dit toujours quelque chose à travers les attaques qu’il opère en s’en prenant à la personne humaine.
Le problème est qu’en voulant éradiquer une maladie nous risquons de l’assimiler à la personne et d’exclure cette dernière. D’ailleurs la lèpre reste toujours présente et nous n’avons pas de vaccin contre cette maladie dramatique.
Dans l’évangile ce lépreux a une des prières les plus justes de la Bible. « Si tu le veux, tu peux me purifier »
Tellement souvent nos prières s’apparentent à des demandes si insistantes que Dieu a intérêt à les exaucer s’il ne veut pas que nous nous détournions de lui ! Mais là… ! Quelle foi ! Je sais ce que je veux mais si Dieu ne le veut pas car ne trouvant pas ma demande ajustée à ce qui est le meilleur pour moi, il ne le fera pas !
« Si tu le veux, tu peux me purifier » Un père ne peut que craquer en entendant cela et guérir cet homme de sa maladie honteuse.
« Attention, ne dis rien à personne » Bizarre… ! Parfois, Jésus guérit des personnes avant de les avoir vues, comme la femme hémorroïsse qui touche uniquement la frange son vêtement. Il y a une autorité naturelle chez Jésus qui ne peut que guérir, il ne sait que guérir, jamais blesser, mais toujours au moment le plus opportun, pour chacun.
Cette mise en garde ressemble plutôt à une invitation à l’intériorisation de la guérison. Pensez-vous ! L’homme est tellement heureux de sa réhabilitation dans la communauté humaine qu’il ne peut se taire ; d’autant plus avec une formulation négative « ne dis rien » … la transgression est d’autant plus succulente !
Aussi, nous pouvons voir dans cette mise en garde comme la demande de Jésus de ne pas révéler à tout le monde sa propre transgression de la Loi. En effet, celui qui approchait de quelque manière que ce soit « l’impur » se rendait impur. Or Jésus ose toucher l’impureté la plus extrême pour la sauver. Inclure ce qui était exclu depuis toujours, sauver ce qui était perdu. Mais étape après étape, sans scandaliser trop rapidement la culture dans laquelle il évolue. Cependant sa volonté de guérir ses contemporains est la plus forte.
Chaque personne a besoin de ce contact physique, pour être purifiée. Les gestes de distanciation aujourd’hui empêchent le contact physique entre nous, mais la communion et tous les sacrements demeurent seuls comme gestes charnels reçus en dehors du domicile. Dans cette Eucharistie, c’est ce même Jésus que nous allons recevoir. Par ce contact physique, Jésus venant renouveler notre vie, notre intimité, peut nous purifier.
Le voulons-nous ?
Homélie du 5ème dimanche du temps ordinaire – Père Michel
Jésus est sorti pour proclamer l’Évangile. Autrement dit, il est venu d’auprès du Père visiter l’humanité blessée et inquiète, en proie à la fièvre des conséquences du péché, qui tremble et se demande où est Dieu. C’est le cri de Job et de tous les Job de la terre qui émeut jusqu’aux entrailles le cœur de Dieu : « Souviens-toi Seigneur : ma vie n’est qu’un souffle, mes yeux ne verront plus le bonheur » !
Au cours de son pèlerinage terrestre, le Christ proclame la venue du Règne de Dieu et accompagne sa prédication de signes qui authentifient sa mission, qui accréditent qu’il est bien l’envoyé du Père. Toutefois, ces signes de libération et de guérison, s’ils sont suffisants pour emporter l’adhésion à Jésus-Christ Fils de Dieu, sont également suffisamment modestes pour ne pas contraindre la liberté de l’être humain à mettre sa foi en Lui. Dieu est infiniment respectueux de ceux à qui Il s’adresse. Il frappe à la porte du cœur mais ne la force jamais.
Parmi les signes qui nous sont rapportés par l’évangéliste Marc, il y a la guérison de la belle-mère de Simon-Pierre. Celle-ci a lieu dans le logis familial, à Capharnaüm. Saint Marc relate : « Aussitôt, on parla à Jésus de la malade. Jésus s’approcha, la saisit par la main et la fit lever. La fièvre la quitta, et elle les servait ». On remarque d’abord le toucher : il lui prend la main. La main de Dieu prend la main de la belle-mère de Simon, et à travers elle, Dieu prend la main de l’être humain, de chaque être humain. À chaque eucharistie, nous recevons dans notre main le corps du Christ. Quelle humilité de Dieu ! Mais ce faisant, n’est-ce pas aussi Dieu qui nous prend par la main et de la sorte calme la fièvre de nos inquiétudes ? Je crois bien que oui … La main rassurante du Dieu tout puissant d’amour saisit la nôtre !
La fièvre est marque du péché dans la tradition biblique. Jésus délivre du péché et guérit de la fièvre qu’il provoque. Et lorsque Marc écrit que le Christ fit « lever » la belle-mère de Simon, il use du même verbe en grec pour signifier que Jésus est « ressuscité ». Ce détail n’est pas innocent. L’événement de la guérison de la belle-mère de Simon est une préfiguration de la victoire pascale et une annonce du Règne définitif de Dieu en réponse au cri de Job et de tous les Job de la terre. Le livre de l’Apocalypse nous en donne une description émouvante et merveilleuse, de nature à conforter notre espérance : « Alors j’ai vu un ciel nouveau et une terre nouvelle (…) Il essuiera toutes larmes de leurs yeux, et la mort ne sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur : ce qui était en premier s’en est allé » (Ap. 21, 1.4).
Bon dimanche
DIMANCHE 17 JANVIER 2021 – HOMELIE DU CURE
Chers paroissiens et chers amis,
Avec la fin du cycle de Noël, amorcé au premier dimanche de l’Avent et bouclé à la solennité du baptême du Seigneur, nous voici au deuxième dimanche du temps ordinaire. Ce qui est ordinaire n’est guère synonyme de banalité. Saint Jean-Paul II affirmait constamment que « la sainteté ne consiste pas à accomplir des œuvres exceptionnelles, mais à vivre de façon extraordinaire des choses ordinaires ». L’Église veut que nous fassions de notre vie ordinaire un temps privilégié pour faire des rencontres de qualité avec Jésus et avec le prochain. C’est dans la quotidienneté de notre existence que pareilles rencontres sont possibles. En ce sens, tout ce qui nous paraît ordinaire (événement, lecture, prière, messe, visite, rencontres fortuites, accueil, dialogue…) devrait être intensément vécu. Dans l’évangile du jour, Jésus demande à deux disciples de Jean-Baptiste qui le suivent : « Que cherchez-vous ? ». C’est à chacun de nous que s’adresse également cette parole d’Évangile. Jésus nous pose directement la même question : « Que cherches-tu ? Cette question nous pousse dans nos derniers retranchements. C’est à chacun de discerner le sens de son cheminement : « Quel est mon désir ? Quelle est mon attente ?” Mais bien souvent, nous avons du mal à cerner l’aspiration réelle en nous et nous cherchons désespérément ce que notre cœur possède déjà. En effet, dans la deuxième lecture de ce jour, Saint Paul nous rappelle que Dieu habite déjà en nous puisque nous sommes le temple de l’Esprit Saint, qui est en nous et que nous avons reçu de Dieu. Il nous suffit de rentrer dans notre for intérieur pour le rencontrer. Car c’est dans ce sanctuaire intérieur que Dieu nous parle à cœur ouvert. Dès lors, à l’instar de Samuel, disons-lui : « Parle Seigneur, ton serviteur écoute ».
DIMANCHE 03 JANVIER 2021 – HOMELIE EN LA FETE DE L’EPIPHANIE
La fête de l’Épiphanie célèbre la manifestation de Dieu au monde ! L’Évangile nous propose un récit assez saisissant : « Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand. Or, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : ‘Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui.’ » (Mt 2:1-2). En effet, les mages venus d’Orient vont à la recherche de cet enfant-roi qui vient de naître. Ils se sont mis en marche tout simplement parce qu’une nouvelle étoile s’est levée. Soudainement, cette étoile avait disparu.
De tout temps, nombreux sont ceux qui se lancent à la recherche d’un idéal qui donne du sens à la vie. Dans cette quête, personne n’ignore que les points d’ombre seront nombreux sur la route ! Un chemin semé d’embûches où l’obscurité bouche souvent la vue. De même, dans tout parcours de foi, aucun chemin spirituel n’est entièrement lumineux. Il y aura des moments de ferveur mais aussi de doute ! Des instants de grâce et aussi de découragement…Heureusement que les mages ne se sont pas découragés. Ne voyant plus l’étoile qui les guidait, ils font un détour à Jérusalem pour se renseigner auprès des autorités. C’est là que la prophétie de Michée leur sera dévoilée : c’est à Bethléem que sortira un chef, qui sera le berger d’Israël.
L’on observe un contraste dans ce récit de l’évangile : il y a d’un côté, les mages qui n’ont pas d’idées préconçues ; ils sont à la recherche du Messie et ils finiront par le trouver. De l’autre, il y a ceux qui savent et qui peuvent citer les Ecritures sans faute, mais qui ne bougeront pas le petit doigt ; ils ne feront même pas le déplacement de Jérusalem à Bethléem. Evidemment, ils ne rencontreront pas l’enfant de la crèche. Ce récit nous apprend qu’il ne suffit pas de savoir la vérité, mais il faut la mettre en pratique. Il ne sert à rien de savoir quel est le chemin, il faut se mettre en chemin, il faut expérimenter ce que l’on croit vrai.
C’est parce que les mages ont décidé de poursuivre leur route après avoir été éclairés par la prophétie de Michée, qu’ils ont fini par trouver le messie. A notre tour, il faut aussi nous laisser guider par la lumière de la parole de Dieu et suivre l’étoile. Des étoiles, il y en a toujours dans notre vie. La Vérité se cache quelquefois derrière les événements les plus simples de la vie. Sa révélation n’est pas forcément une ‘étoile’, mais peut-être une personne rencontrée, un livre qui nous tombe sous la main, un événement qui semble anodin ou une pensée qui nous traverse l’esprit… Le grand message de l’Épiphanie, c’est la rencontre avec Jésus. Bien des voies peuvent nous y aider notamment la parole de Dieu. Tâchons de les suivre pour rencontrer le Christ. Cependant, dès que nous rencontrons Jésus, laissons-le devenir la boussole, si pas le GPS de notre vie.
Amen.Père Michel
Dimanche 27 décembre 2020 – Fête de la Sainte Famille
« Veilleur, où en est la nuit ? » clame le héraut.
Deux veilleurs dans le clair-obscur.
Leurs yeux bientôt vont se fermer. La nuit prendra-t-elle le dessus ?Notre modèle social est blessé, la pandémie lui aurait-elle donné le coup de grâce ?
Notre Eglise semble s’éteindre lentement, comme un vieillard dont le souffle ralentit de jour en jour.
Faut-il pour autant se lamenter ? Ce n’est pas la fin DU monde, c’est seulement la fin D’UN monde.« Veilleur, où en est la nuit ? » (Isaïe 21,11)
Elle est là … elle n’est pas ténèbres, mais promesse d’aurore.
Oser regarder la désolation afin d’être mûrs pour l’espérance.Deux anciens, Anne et Syméon, veillent.
Riches de leur longue expérience humaine, pétris par la Parole, ils sont guetteurs d’espérance.
Comme les vigies d’un navire, ils seront les premiers à voir la terre promise : « mes yeux ont vu le salut », se réjouit Syméon.Deux guetteurs dans le clair-obscur, qui espèrent « la lumière des nations ».
Leur regard usé à force de scruter le jour et son lendemain se pose sur le visage lumineux d’un enfant.
A Noël, la promesse de Dieu a pris visage humain, celui de Jésus.Notre monde a besoin de veilleurs, de sentinelles d’espérance.
Qui ne se résignent pas aux ténèbres, car ils ont au fond d’eux-mêmes suffisamment de lumière pour croire à la naissance d’une nouveau matin.
Qui posent des gestes d’amour appelés à devenir autant d’actes d’éternité.* Méditation de l’Evangile de la présentation de Jésus au Temple de Jérusalem (Luc 2,22-40) – Fête de la Sainte Famille
Texte rédigé par un ami.
Belle semaine à tous.
20 décembre 2020
Une ado de 14 ans pleine de Vie… Rien de plus, rien de moins ! Et tout devient possible … Aujourd’hui, Marie a laissé ses vêtements dans la garde-robe … Ce matin, cette jeune ado ne porte ni sa veste de l’Immaculée, ni son top de l’Auxiliatrice, ni son brushing de Fatima ou de Guadaloupe, ni son lissage de Reine de la Paix, ni son maquillage de Notre-Dame des Douleurs … Tous ces titres restent bien pliés dans le silence du dressing. Elle est nue devant le miroir … Elle se regarde et se demande encore ce qui lui arrive … Une Vie est en train de naître en elle … Comme tout ado, elle sent cette sève de Vie monter et circuler en elle … Et quelle Vie !!!D’un point de vue étymologique, « adolescence » vient du mot latin « adolescere » qui signifie « grandir vers » … Tiens donc … Se laisser traverser par la Vie pour continuer ce processus de croissance comme le petit grain de moutarde sans se croire déjà arrivé et s’installer. Face à toutes ces transformations corporelles, cognitives, sexuelles et sociales, quelle est cette identité qui se découvre ?« Salut, Comblée de grâces ! » Comment cette jeune a-t-elle pu laisser ouvrir son coeur de telle sorte que Dieu a pu le remplir de tant de grâces ? Comment a-t-elle pu se laisser transfigurer à ce point par l’amour de Dieu ? Comme Marie, soyons tout rayonnants de l’amour de Dieu… Comme l’Ange, posons notre regard sur tous les jeunes de nos familles, de notre quartier et des médias et soyons pour eux comme des messagers de ce Dieu qui voie toute la sève de vie qui circule en eux, tous leurs rêves de jeunesse. Continuons à les appeler à la vie. Ne sont-ils pas eux aussi, « comblés de grâces » ?! Ne sont-ils pas eux aussi, comme Marie, porteur d’un élan, d’une énergie de vie débordante ? Souvent seuls, nus devant leur miroir, à la recherche de leur identité… freinés aujourd’hui par toutes ces mesures sanitaires, souvent éloignés de nos rendez-vous liturgiques ou institutionnels où tout se décide. Marie, après cet épisode de l’Annonciation, a été lynchée par tous les gens bien-pensants de son quartier… perçue comme une ado rebelle comme tous les autres … Et pourtant, elle portait en elle le Sauveur, elle disait chaque jour ce Oui inconditionnel à la vie, et à la vie en abondance. Plutôt que de faire le buzz sur les réseaux sociaux, elle préférait méditer tout cela dans son cœur, même si cela pouvait sembler une fake news aux yeux du monde. Elle avait fait cette expérience vraie, unique, indélébile : « Le Seigneur est avec moi ». Or, cet Esprit-Saint n’est pas venu que sur Marie, mais il habite le cœur de chacun, et en particulier le cœur des jeunes qui viennent nous déstabiliser, nous sortir de nos enfermements. Car l’ « enfer-mement » est le contraire de l’adolescence, qui suppose des échanges avec les amis, avec d’autres adultes que leurs parents, avec le monde.Regardons cette « Génération Covid » qui s’engage, qui agit dans les associations ou dans les lieux de soins, qui invente de nouvelles formes de vie et pas seulement de survie. Ils disent comme Marie : « Nous sommes le Présent et l’Avenir ». Ecoutons-les et permettons-leur d’occuper toute leur place.Comme le mot « adolescent », le mot « Avent » commence par la même particule « ad » … « adventus ». « Qu’il advienne selon ta Parole ! » … « Advienne que pourra ». Qu’adviennent encore ces dialogues qui annoncent la Vie … entre jeunes et autres messagers de Dieu. A quelques jours de Noël, avec tous les ados débordants de vie, faisons advenir le monde de tous les possibles. Comme Marie, ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait … Car rien n’est impossible à Dieu !Xavier ERNST, sdb
13 décembre 2020
Jean, 1, 6-8.19-28.
I – Témoin de la Lumière
L’évangile de ce jour semble avoir intentionnellement uni deux passages du début de l’évangile de saint Jean. Ainsi le témoignage de Jean-Baptiste est situé sur un registre qui lui donne une couleur particulière. Jean-Baptiste est le témoin de la Lumière.
Celui dont il annonce la venue en préparant ses voies – comme l’a écrit Isaïe : « Je suis la voix de celui qui crie dans le désert » – porte en lui quelque chose d’unique, de divin. Il est la Lumière née de la Lumière comme le dit si bien le Symbole de Nicée-Constantinople que je cite : « Je crois en un seul Seigneur, Jésus Christ, le Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles : Il est Dieu, né de Dieu, lumière, née de la lumière, vrai Dieu, né du vrai Dieu ».
Il ne faut pas restreindre ce terme de « Lumière » ici à une invitation morale, un motif d’action ou une inspiration dans les choix. La « Lumière » dont parle saint Jean ici est à l’origine du monde, elle est Dieu lui-même qui s’est manifesté en Jésus, le Fils unique de Dieu qui s’est fait homme, qui s’est incarné.
Cette présentation de Jean-Baptiste qui « est venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui » reflète la foi des premières communautés chrétiennes et la nôtre. Jean-Baptiste a entrevu la réalité du salut se réalisant en Jésus. Nous recevons son témoignage confirmé par celui des apôtres après la résurrection qui proclament « Jésus est Seigneur » et nous affirmons aujourd’hui notre foi en celui qui est la « Lumière du monde ». Jean-Baptiste en est le témoin privilégié.
II – Jean-Baptiste le Précurseur
C’est pour cette raison qu’on lui a donné à juste titre le surnom de « Précurseur ». Son attitude est bien décrite lorsqu’il dit qu’il n’est pas digne de délier la courroie de la chaussure de Celui qui vient : « Moi, je baptise dans l’eau. Mais au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ; c’est lui qui vient derrière moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de sa sandale ».
L’attitude de Jean-Baptiste se caractérise par l’accueil et l’ouverture. Il précède – c’est ce que veut dire le mot « Précurseur » – Celui qui doit venir. Il invite à se débarrasser de ce qui empêcherait un accueil bienvenu et chaleureux. « Redressez le chemin du Seigneur » proclame-t-il. Concrètement notre réponse à son appel pourrait cette année se traduire durant le temps de l’Avent par une démarche de pénitence en allant recevoir le Sacrement de la Réconciliation. Malgré la pandémie de la Covid-19 plusieurs paroisses offrent un accès au Sacrement de la Réconciliation avec les précautions sanitaires appropriées. Vous ne regretterez pas d’avoir fait la démarche de la Réconciliation, du Pardon.
Le mouvement de préparation à Noël amène à sortir de nous-mêmes pour accueillir le Tout Autre qui s’incarne en Jésus. L’accès à la Lumière commence en sachant reconnaître le Don de Dieu dans l’Enfant de la crèche dont nous célébrerons la naissance à Noël. Dieu se fait l’un de nous. Le Verbe se fait chair, dira saint Jean.
III – Application
Dans le temps de l’Avent cherchons à renouveler notre foi et notre attente de la vraie Lumière. Nous la voulons présente en nous et dans toute notre vie, mais nous savons que ce n’est pas nous qui apportons la Lumière. Nous recevons les rayons de cette Lumière à travers Jésus.
Ce rayonnement de la Lumière de Dieu est présent dans le monde. Nous ne le voyons pas toujours, mais il est là. Croyons-le. L’Esprit de Dieu est toujours à l’œuvre. Comme Jean-Baptiste nous sommes invités à rendre témoignage à la lumière : « Cet homme n’était pas la Lumière, mais il était là pour rendre témoignage à la Lumière. »
Je souhaite que nous devenions tous des Jean-Baptiste dans le monde d’aujourd’hui. Amen !
6 décembre 2020
Tout commence (v1). Tout commence dans le désert (v 3 et 4) Le désert, une étendue indéfinie. Une incertitude. Une inquiétude. Inquiétude : un manque intérieur, de paix une absence de « quies », de quiétude. Pas de chemin, pas de repères, pas de but, des projets caducs, tout semble perdu.Il y a plein de choses dans le désert, mais pas de sens, pas de vie, pas d’espoirs, pas de joie. Le désert, une étendue en attente. Mais en attente de quoi ? De rien ? Rien ne se décide, rien de stable, tout est indécis. C’est l’errance. Et dans le désert, surtout la nuit, ça crie. Et ça, on ne sait pas trop ce que c’est. Ça crie surtout dans les têtes, dans les cœurs, dans les relations. Ça crie partout. Pas seulement les bêtes sauvages. L’homme aussi. Moi aussi. Quand on est perdu, on crie. Tout commence avec un cri. C’est ce cri qu’il faut entendre, dans le désert. Et déceler alors parmi tous ces cris une voix, une voix qui appelle. Alors je marche vers quelqu’un. Je marche : je trace un chemin. Préparez le chemin du Seigneur. C’est en moi que je trace ce chemin. Le chemin par lequel le Seigneur vient est aussi le chemin par lequel je vais vers le Seigneur. Un chemin intérieur. Je vais et il vient. La rencontre aura lieu. Si j’écoute bien la voix qui m’appelle. Ce chemin c’est en moi que je le trace. Dans mon désert. C’est là où tout commence.
Bon dimanche.
De nos déserts nous écoutons la Voix et que nous trouvions Le Chemin du Jourdain où jaillissent l’Eau et l’Esprit qui donnent la Vie.