HomĂ©lie du dimanche du Christ-Roi – 23 novembre 2021 – par le Diacre Arnaud Gazagnes
Chers frĂšres et sĆurs, aujourdâhui, nous fĂȘtons le Christ-Roi pour terminer lâannĂ©e liturgique.
Christ, Roi ? Quelle est cette royauté ? Quâest-ce que cela signifie pour nous de dire que le Christ est roi ? Est-ce un motif dâorgueil ? Est-ce une maniĂšre de dire que nous, qui sommes corps du Christ, nous rĂ©gnons sur lâunivers, et que tout le monde doit nous obĂ©ir ? Reprenons lâĂ©vangile de ce jour.
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Cet Ăvangile est la rencontre dâun homme, Pilate, qui reprĂ©sente le Roi de Rome, avec JĂ©sus. Pilate a entendu parler de JĂ©sus, et aujourdâhui, voici quâil le rencontre dans un face Ă face. Pilate lâinterroge : « quâas-tu donc fait ? ». Puis reformule sa question de dĂ©part, Ă©tonnĂ© ou ironique : « Alors tu es roi ? » Il est vrai que JĂ©sus, qui est Ă la merci de Pilate, est probablement dans un sale Ă©tat aprĂšs avoir Ă©tĂ© flagellĂ©, ĂȘtre passĂ© dans un cachot et portant une couronne dâĂ©pines, loin dâune personne puissante, s’appuyant sur la force de son armĂ©e, quâattend Pilate.
Y voyons-nous un roi ? Si lâon demandait aux enfants prĂ©sents ici de reprĂ©senter JĂ©sus comme roi, je pense quâils lui dessineraient une couronne dâor (et non une couronne dâĂ©pines), un vĂȘtement majestueux (et non une tunique qui sera arrachĂ©e et tirĂ©e au sort) et un trĂŽne pour dominer (et non une croix avec ses clous).Â
Tout au long de sa vie publique, JĂ©sus nâa pas cessĂ© de dire Ă ceux quâil guĂ©rissait (des aveugles, des paralytiques, âŠ) de ne rien dire Ă personne ; lorsquâon voulait le faire roi, alors quâil venait dâaccomplir un miracle, il sâĂ©clipsait, il disparaissait. Et voilĂ quâaujourdâhui, dans ce dialogue avec son accusateur, alors que la partie semble dĂ©finitivement perdue, il affirme sa royautĂ© ! Aurait-il changĂ© dâavis ?Â
Ce qui a changĂ©, câest sa situation. Sâil avait acceptĂ© le couronnement lorsquâil Ă©tait dans une position favorable, sans doute que nous aurions de la royautĂ© du Christ une fausse image. Lâimage dâun roi dotĂ© de « super pouvoirs », dâun roi dominateur et inaccessible, bref, dâun roi tout ce quâil y a dâhabituel chez les humains. Mais non, ce nâest pas ainsi que le Christ est roi !Â
Mais quel roi est JĂ©sus ? Certainement pas celui dâune royautĂ© Ă la maniĂšre des hommes, dâune royautĂ© au sens de la question que pose Pilate « Es-tu le roi des juifs ? ». Sur ce point, JĂ©sus et Pilate sont en complet dĂ©calage⊠La royautĂ© du Christ nâest pas de ce monde, ne se vit pas Ă la maniĂšre de ce monde. Il nâest pas un roi au sens politique du terme. Il nâa pas de territoire. Son royaume est une maniĂšre dâĂȘtre, une maniĂšre de vivre, une prĂ©sence au cĆur du monde : la prĂ©sence de Dieu, Alpha et OmĂ©ga, source et but de toute vie.Â
JĂ©sus renverse lâimage que nous avons du roi.
Jâai envie de dire que, plutĂŽt, il montre lâimage du roi que chacun de nous est appelĂ© Ă ĂȘtre dans notre vie de tous les jours.
En effet, si nous pensons au rĂŽle du roi, nous pouvons dire quâil assure la sĂ©curitĂ© de ses sujets, quâil recherche la paix, quâil sâassure que chacun a de quoi manger, quâil sâassure que les malades sont soignĂ©s, quâil veille Ă ce que chacun reçoive une Ă©ducation pour trouver une place dans la sociĂ©tĂ©, quâil rende la justice, par exemple.
Si lâon y rĂ©flĂ©chit dâun peu plus prĂšs, câest ce que, vous, parents, faites vis-Ă -vis de vos enfants. Nous recherchons la paix, en famille, en classe, au travail, par exemple, en prenant un moment avec mon collĂšgue qui a besoin de confier une peine ou une difficultĂ©. Et, si je suis un enfant, je peux aider mon camarade de classe qui peine sur une leçon.
Je pense aux services qui existent localement qui rĂ©alisent cette fonction royale : la Ressourcerie (sous notre Ă©glise, ouverte le mercredi aprĂšs-midi et le samedi matin !), le Secours Catholique, le CCFD. Je pense aussi Ă des mouvements dâĂglise, les Scouts (dont les animateurs et cadres de mon groupe Ă©taient ensemble ce week-end), le MEJ, lâaumĂŽnerie, le catĂ©, Foi et LumiĂšre (qui accompagne des personnes handicapĂ©es mentales), mon groupe de priĂšre du Sappel (qui accompagne des personnes du Quart-Monde). Et je pourrais continuer la liste ! Vous aussi !
Vous lâavez compris, chacun de nous, chacune de nous, peut dire : « Je peux ĂȘtre roi, reine, moi aussi, comme je suis, Ă mon niveau. »
En fait, ne vous tracassez pas. Tout est dĂ©jĂ prĂȘt. Tout est dĂ©jĂ lĂ . Notre baptĂȘme nous a rendus prĂȘtre, prophĂšte et roi. PrĂȘtre pour prier et pour cĂ©lĂ©brer lâamour, prophĂšte pour annoncer et dire notre espĂ©rance, et roi pour âŠÂ ? Pourquoi roi ? Pour gouverner ? Pour dominer ? Non, pour servir. JĂ©sus nous dit que celui qui est premier, il doit ĂȘtre dernier pour servir ses semblables. VoilĂ le cĆur mĂȘme du sens de la royautĂ© dans la foi chrĂ©tienne.
MalgrĂ© les Ă©preuves dans notre monde dâaujourdâhui,
- le Christ-Roi nous demande de tisser avec nos semblables des relations fraternelles de service et de paix (câest la dimension royale de notre baptĂȘme) et il nous demande cette semaine de devenir des artisans de paix et de communion ;
- le Christ-Roi nous fait confiance pour contribuer Ă transformer le monde, non par la domination ou le pouvoir, mais par le service et lâattention Ă lâhumain, surtout au malade, au pauvre, au souffrant et il nous demande cette semaine dâavancer avec la force des fragiles, dâavancer sur le chemin de lâĂvangile ;
- le Christ-Roi, enfin, nous invite, comme avec Pilate, Ă ĂȘtre en vĂ©ritĂ© et il nous demande cette semaine de partager la joie de croire et de vivre, de partager la vĂ©ritĂ© qui nous fait vivre.
C’est ainsi que JĂ©sus devient concrĂštement le Roi de l’univers. Et que ce royaume prend forme dans notre monde : cette royautĂ© sera celle de la fraternitĂ©.
En prĂ©parant cette homĂ©lie, une pensĂ©e de François Mauriac, prix Nobel de littĂ©rature, mâest revenue : « Si vous ne brĂ»lez pas dâamour, beaucoup mourront de froid. »
Vous avez probablement vu que la couleur liturgique aujourdâhui est le blanc. En effet, câest aujourdâhui une solennitĂ©, une grande fĂȘte ecclĂ©siale.
Chers frĂšres et sĆurs, fĂȘter le Christ-Roi, câest rejoindre chaque personne, quelle quâelle soit, et cĂ©lĂ©brer avec elle la Vie, la Vie donnĂ©e avec lâEsprit, et nous engager Ă vivre comme notre Roi, le Christ, le Serviteur des serviteurs, par amour.
FĂȘter le Christ-Roi, câest se souvenir que chaque personne est une image, imparfaite peut-ĂȘtre, mais une image de ce Christ et de contempler, en elle, lâĆuvre de Dieu.Â
Amen.
Arnaud Gazagnes,
Diacre permanent
HOMELIE DU CINQUIEME DIMANCHE DE PAQUES – PĂšre Michel Mankonga
Méditation de la 2e lecture de ce dimanche : 1e lettre de Jean 3,18-24.
En paix avec moi-mĂȘme ?
Pas toujours facile⊠Il y a des moments oĂč je mâen veux⊠de mâĂȘtre Ă©nervĂ© pour pas grand-chose, dâavoir ratĂ© un examen ou bĂąclĂ© une tĂąche, de ne pas avoir rĂ©alisĂ© tel voyage ou telle activitĂ© et de me dire : « maintenant câest trop tard »⊠Il y a des moments oĂč je ne suis pas fier de moi, quand je nâai pas donnĂ© une piĂ©cette au mendiant qui tend sa sĂ©bile, quand je nâai pas pris le temps de prendre des nouvelles de mes proches⊠Qui de nous nâa pas Ă©tĂ© traversĂ© un jour ou lâautre par ces sentiments ? Pas facile de se rĂ©concilier avec soi-mĂȘme, dâĂȘtre Ă la hauteur de ses rĂȘves !
Et si on faisait confiance Ă un autre regard ?
« Si notre cĆur nous accuse, Dieu est plus grand que notre cĆur » (1e lettre de Jean 3,20). Le regard que Dieu pose sur moi, ce Dieu qui « connaĂźt toutes choses » est plus vrai que lâapprĂ©ciation que moi, jâai de moi-mĂȘme. PlutĂŽt que nous juger nous-mĂȘmes, laissons Dieu dĂ©cider de notre valeur. Et cela en vaut la peine !
« Tu as du prix Ă mes yeux, tu as de la valeur et je tâaime », dit le Seigneur (IsaĂŻe 43,4). Faire confiance Ă Dieu, câest me dĂ©couvrir plus grand et plus beau que ce que je peux imaginer de moi-mĂȘme. Câest un chemin qui me fait grandir.
Croire en Dieu, câest dĂ©couvrir que Dieu croit en moi.
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HOMELIE DU QUATRIEME DIMANCHE DE PAQUES – PĂšre Michel Mankonga
Jésus énumÚre trois caractéristiques qui font de lui le bon pasteur par excellente, le modÚle pour tous :
a) Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis.  Cela signifie beaucoup plus quâĂȘtre prĂȘt Ă mourir pour les dĂ©fendre du loup. Donner sa vie, cela se fait comme lâexplique si bien le bienheureux Pierre Claverie goutte Ă goutte : par un regard, un sourire, un travail, un service dans tout ce que fait que la vie qui mâhabite soit partagĂ©e, donnĂ©e livrĂ©e. Donner sa vie pour ses brebis cela signifie que toute sa vie leur est consacrĂ©e, dâune façon purement dĂ©sintĂ©ressĂ©e, par amour, et non en vue dâun profit, dâune rĂ©compense ou dâun salaire.  Celui qui nâaime pas ses brebis plus que sa propre vie nâest pas digne dâĂȘtre un pasteur.
b) Il y a entre lui et ses brebis une relation personnelle.  Il les connaĂźt individuellement et elles le connaissent. Il ne sâagit pas dâune relation de supĂ©rieur Ă infĂ©rieur, mais bien une relation dâamitiĂ©.  « Je ne vous appelle pas serviteur â dira-t-il un peu plus tard Ă ses disciples â car le serviteur nâest pas au courant de ce que fait son maĂźtre.  Je vous appelle mes amis, car tout ce que jâai entendu de mon PĂšre, je vous lâai fait connaĂźtre. » (Jean 15,15).  Un pasteur, selon JĂ©sus, nâest donc pas quelquâun qui commande, qui organise, qui distribue les directives, mais quelquâun qui Ă©tablit une relation dâamitiĂ©.  Ăvidemment, pour quâil y ait une vraie communautĂ© chrĂ©tienne dans lâesprit de JĂ©sus, il doit y avoir rĂ©ciprocitĂ©, câest-Ă -dire une vĂ©ritable relation dâamitiĂ©, dans les deux sens.
c) La troisiĂšme caractĂ©ristique, est la crĂ©ation dâun « troupeau » dont personne ne se sentira exclu.  « Jâai encore dâautres brebis, qui ne sont pas de cette bergerie : celles-lĂ aussi, il faut que je les conduise. Elles Ă©couteront ma voix : il y aura un seul troupeau et un seul pasteur. »  JĂ©sus affirme que toutes les brebis sont « siennes », mĂȘme celles qui ne sont pas de son troupeau actuel : « Jâai⊠dâautres brebis qui ne sont pas de cette bergerieâŠ). En disant cela il va Ă lâencontre de lâexclusivisme, du particularisme et ce faisant il appelle tout pasteur Ă se sentir concernĂ© par le bien ĂȘtre de lâhumanitĂ© toute entiĂšre.
En ce dimanche, prions donc spĂ©cialement pour tous ceux qui, dans lâĂglise aussi bien que dans la sociĂ©tĂ© civile, ont un service pastoral.  Prions aussi pour lâunitĂ© de tous les disciples de JĂ©sus et pour lâunitĂ© de la grande famille des nations.—
HOMELIE DU TROISIEME DIMANCHE DE PAQUES – PĂšre Michel Mankonga
Ce dimanche pourrait ĂȘtre appelĂ© le âdimanche du tĂ©moignageâ. En effet, le christ ressuscitĂ© invite se disciples Ă ĂȘtre ses tĂ©moins par le monde entier. Dans lâĂvangile, alors mĂȘme que les disciples qui revenaient dâEmmaĂŒs Ă©taient en train de raconter aux onze apĂŽtres et Ă leurs compagnons ce qui sâĂ©tait passĂ© sur la route et comment ils avaient reconnu le Seigneur quand il avait rompu le pain, JĂ©sus lui-mĂȘme Ă©tait lĂ au milieu dâeux et il se fit reconnaĂźtre. Non ce nâest pas un esprit. Il est celui-lĂ mĂȘme qui a subi la Passion. Ses mains et ses pieds en gardent la trace. Câest bien le CrucifiĂ© qui est revenu Ă la vie. Il leur fait constater quâil est vraiment ressuscitĂ©.
Cette rencontre extraordinaire a Ă©tĂ© un bouleversement pour les apĂŽtres. Avec amour et patience, JĂ©sus leur explique tout ce qui Ă©tait Ă©crit dans la loi de MoĂŻse, les prophĂštes et les psaumes. Et câest ce quâil continue Ă faire le dimanche : quand nous nous rassemblons Ă lâĂ©glise, il est lĂ bien prĂ©sent au milieu de nous. Il vient raviver notre foi ; il nous nourrit de sa Parole et de son Corps. Puis il nous envoie en mission pour tĂ©moigner de la foi qui nous anime. Ce qui nous est demandĂ©, ce nâest pas de rester entre chrĂ©tiens Ă lâintĂ©rieur de lâĂglise. En effet, lâapparition du ressuscitĂ© Ă ses apĂŽtres se termine par ces paroles : « Ainsi est-il Ă©crit que le Christ souffrirait, quâil ressusciterait dâentre les morts le troisiĂšme jour, et que la conversion serait proclamĂ©e en son nom, pour le pardon des pĂ©chĂ©s, Ă toutes les nations, en commençant par JĂ©rusalem. A vous dâen ĂȘtre les tĂ©moins. » Tout ce que le Christ demande Ă ses disciples câest dâĂȘtre ses tĂ©moins. Donc notre tĂ©moignage doit rejoindre tous les hommes, en particulier ceux qui sont dans les âpĂ©riphĂ©riesâ, ceux qui ne connaissent pas le Christ, ceux qui nâont pas cĂ©lĂ©brĂ© PĂąques. Pour cela, nous ne pouvons pas nous contenter de belles paroles. JĂ©sus ne nous a pas envoyĂ©s pour cela. Le plus important câest de tout faire pour que ces paroles se traduisent en actes dans nos vies. Il faut que nous soyons de plus en plus ajustĂ©s Ă cet amour qui est en Dieu. En y regardant de prĂšs, nous reconnaissons que nous sommes loin du compte. Mais le Seigneur nâa jamais cessĂ© de nous aimer. Sâil nous offre son pardon, câest pour que nous puissions devenir de vrais tĂ©moins de la foi. Pour ĂȘtre de vrais messagers du Christ, nous avons besoin dâĂȘtre complĂštement imprĂ©gnĂ©s et habitĂ©s par sa prĂ©sence. Câest SA lumiĂšre, SON amour que nous avons Ă communiquer au monde dâaujourdâhui. Si nous ne prenons pas le temps de lâaccueillir dans notre vie, rien ne se passera. Nous serons comme le sel affadi qui nâest plus bon Ă rien.
Câest en ce sens que la premiĂšre lecture de ce jour nous parle du discours-tĂ©moignage de Pierre aprĂšs la guĂ©rison de lâinfirme de naissance Ă la Porte du Temple. Alors que tout le monde avait les yeux fixĂ©s sur lui Ă cause du miracle quâil venait dâopĂ©rer, Pierre sâadresse Ă la foule stupĂ©faite et explique que ce nâest pas par ses propres forces quâil a pu opĂ©rer cette guĂ©rison. Câest JĂ©sus, celui-lĂ mĂȘme que vous aviez livrĂ© ; vous aviez reniĂ© en prĂ©sence de Pilate, qui Ă©tait dĂ©cidĂ© Ă le relĂącher, que vous aviez rejetĂ©, ce Saint et ce Juste que vous avez reniĂ© tout en demandant quâon vous accorde la grĂące dâun meurtrier, LUI le chef des vivants que vous avez tué ; mais que Dieu a ressuscitĂ© dâentre les morts, câest lui qui est le principal acteur de cette guĂ©rison. Pierre ne rate pas cette occasion pour prĂȘcher quâil est tĂ©moin de sa rĂ©surrection. Pour terminer son discours, Pierre invite ses auditeurs Ă se convertir et Ă revenir Ă Dieu.
Câest aussi cet appel que nous adresse saint Jean dans la 2Ăšme lecture : âJe vous Ă©cris pour que vous Ă©vitiez le pĂ©chĂ©.â Câest donc un appel Ă ne pas nous dĂ©tourner de lâamour de Dieu et de nos frĂšres. âMais si lâun de vous vient Ă pĂ©cher, nous avons un dĂ©fenseur devant le PĂšre, JĂ©sus le Juste.â JĂ©sus devient notre premier dĂ©fenseur auprĂšs du PĂšre, notre premier avocat ; VoilĂ une bonne nouvelle de la plus haute importance. Il nous faut tout faire pour quâelle soit proclamĂ©e partout dans le monde. Le Christ ressuscitĂ© nâa jamais cessĂ© de vouloir ramener tous les hommes Ă Dieu.
LâĂvangile de ce dimanche nous rappelle avec force quâĂ lâinstar des disciples dâEmmaĂŒs, deux moments importants nous sont dĂ©sormais offerts pour rencontrer le Christ :
1° LâĂ©coute de la Parole : Lire les Ăcritures, prier les psaumes, prendre le temps dâapprofondir sa foi, câest entrer dans le plan de Dieu. Câest se prĂ©parer Ă recevoir le Christ. Profitons de cette chance qui nous est encore offerte de lire la Bible librement pour remplir notre cĆur et notre vie de la joie de lâĂ©vangile en y dĂ©couvrant le Christ qui vient toujours Ă notre rencontre quand nous lisons lâEcriture. Notre cĆur nâĂ©tait-il pas tout brĂ»lant tandis quâils nous entretenaient en chemin, sâĂ©taient exclamĂ©s les disciples. Laissons notre cĆur brĂ»ler Ă la flamme de lâamour qui jaillit des Ecritures.
2° La Fraction du Pain (Câest le nom qui Ă©tait donnĂ© Ă lâEucharistie). Profitons aussi de ce moment privilĂ©giĂ© qui nous est offert pour recevoir dans nos mains, puis dans nos cĆurs le Seigneur qui vient nous rassasier de toutes nos faims de justice, dâamour, de paix, de droiture. Câest lĂ que nous puisons nos forces en vue de la mission que le Seigneur nous confie pour ĂȘtre ses tĂ©moins.
                                                                                                                            Amen !
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HomĂ©lie du 2Ăšme dimanche de PĂąques 11/04/2021 – dimanche de la Divine MisĂ©ricorde – par le Pape François
JĂ©sus ressuscitĂ© apparaĂźt aux disciples plusieurs fois. Avec patience il console leurs cĆurs dĂ©couragĂ©s. AprĂšs sa rĂ©surrection, il opĂšre ainsi la ârĂ©surrection des disciplesâ. Et eux, relevĂ©s par JĂ©sus, changent de vie. Avant, de nombreuses paroles et de nombreux exemples du Seigneur nâavaient pas rĂ©ussi Ă les transformer. Maintenant, Ă PĂąques, il se passe quelque chose de nouveau. Et cela arrive dans le signe de la misĂ©ricorde. JĂ©sus les relĂšve avec la misĂ©ricorde â il les relĂšve avec la misĂ©ricorde â et eux, bĂ©nĂ©ficiaires de la misĂ©ricorde, deviennent misĂ©ricordieux. Câest trĂšs difficile dâĂȘtre misĂ©ricordieux si quelquâun ne se rend pas compte quâil est bĂ©nĂ©ficiaire de la misĂ©ricorde.
- Avant tout ils sont bĂ©nĂ©ficiaires de la misĂ©ricorde, Ă travers trois dons : dâabord JĂ©sus leur offre la paix, puis lâEsprit, enfin ses plaies. En premier lieu il leur donne la paix. Ces disciples Ă©taient angoissĂ©s. Ils sâĂ©taient enfermĂ©s dans la maison par crainte, par peur dâĂȘtre arrĂȘtĂ©s et dâavoir la mĂȘme fin que le MaĂźtre. Mais ils nâĂ©taient pas enfermĂ©s seulement dans la maison, ils Ă©taient aussi enfermĂ©s dans leurs remords. Ils avaient abandonnĂ© et reniĂ© JĂ©sus. Ils se sentaient incapables, bons Ă rien, mauvais. JĂ©sus arrive et rĂ©pĂšte deux fois : âPaix Ă vous !â. Il nâapporte pas une paix qui enlĂšve les problĂšmes du dehors, mais une paix qui rĂ©pand la confiance Ă lâintĂ©rieur. Pas une paix extĂ©rieure, mais la paix du cĆur. Il dit : « La paix soit avec vous ! De mĂȘme que le PĂšre mâa envoyĂ©, moi aussi, je vous envoie » (Jn 20, 21). Câest comme sâil avait dit : âJe vous envoie parce que je crois en vousâ. Ces disciples dĂ©couragĂ©s sont rĂ©conciliĂ©s avec eux- mĂȘmes. La paix de JĂ©sus les fait passer du remord Ă la mission. La paix de JĂ©sus suscite en effet la mission. Ce nâest pas la tranquillitĂ©, ce nâest pas le confort, câest sortir de soi. La paix de JĂ©sus libĂšre des fermetures qui paralysent, rompt les chaĂźnes qui retiennent le cĆur Et les
disciples se sentent bĂ©nĂ©ficiaires de la misĂ©ricorde : ils sentent que Dieu ne les condamne pas, ne les humilie pas, mais croit en eux. Oui, il croit en nous plus que nous croyons en nous-mĂȘmes. âIl nous aime plus que nous nous aimonsâ (cf. S.J.H. Newman, Meditations and devotions, III,12,2).
Pour Dieu, personne nâest mauvais, personne nâest inutile, personne nâest exclu. JĂ©sus aujourdâhui rĂ©pĂšte encore : âPaix Ă toi, qui es prĂ©cieux Ă mes yeux. Paix Ă toi, qui es important pour moi. Paix Ă toi, qui as une mission. Personne ne peut lâeffectuer Ă ta place. Tu es irremplaçable. Et je crois en toiâ.
DeuxiĂšmement, JĂ©sus fait misĂ©ricorde aux disciples en leur offrant lâEsprit Saint. Il le donne pour la rĂ©mission des pĂ©chĂ©s (cf. vv : 22-23). Les disciples Ă©taient coupables, ils avaient fui en abandonnant le MaĂźtre. Et le pĂ©chĂ© tourmente, le mal a son prix. Notre pĂ©chĂ©, dit le Psaume (cf. 51, 5), est toujours devant nous. Seuls nous ne pouvons pas lâeffacer. Seul Dieu lâĂ©limine, seul, avec sa misĂ©ricorde, il nous fait sortir de nos misĂšres les plus profondes. Comme ces disciples, nous avons besoin de nous laisser pardonner, de dire de tout cĆur : âPardon Seigneurâ. Ouvrir notre cĆur pour nous laisser pardonner. Le pardon dans lâEsprit Saint est le don pascal pour renaĂźtre Ă lâintĂ©rieur. Demandons la grĂące de lâaccueillir, dâembrasser le Sacrement du pardon. Et de comprendre quâau centre de la Confession ce nâest pas nous avec nos pĂ©chĂ©s, mais Dieu avec sa misĂ©ricorde. Nous ne nous confessons pas pour nous dĂ©courager, mais pour nous faire relever. Nous en avons tant besoin, tous. Nous en avons besoin comme les petits enfants, toutes les fois quâils tombent, ils ont besoin dâĂȘtre relevĂ©s par le papa. Nous aussi, nous tombons souvent. Et la main du PĂšre est prĂȘte Ă nous remettre debout et Ă nous faire aller de lâavant. Cette main sĂ»re et fiable est la Confession. Elle est le Sacrement qui nous relĂšve, qui ne nous laisse pas par terre Ă pleurer sur le sol dur de nos chutes. Elle est le Sacrement de la rĂ©surrection, elle est pure misĂ©ricorde. Et celui qui reçoit les Confessions doit faire sentir la douceur de la misĂ©ricorde. Et câest cela le chemin de ceux qui reçoivent les confessions des gens : faire sentir la douceur de la misĂ©ricorde de JĂ©sus qui pardonne tout. Dieu pardonne tout.
AprĂšs la paix qui rĂ©habilite et le pardon qui relĂšve, voici le troisiĂšme don avec lequel JĂ©sus fait misĂ©ricorde aux disciples : il leur offre ses blessures. Par ces blessures nous sommes guĂ©ris (cf. 1 P 2, 24 ; Is 53, 5). Mais comment une blessure peut-elle nous guĂ©rir ? Avec la misĂ©ricorde. Dans ces plaies, comme Thomas, nous touchons du doigt le fait que Dieu nous aime jusquâau bout, quâil a fait siennes nos blessures, quâil a portĂ© dans son corps nos fragilitĂ©s. Les plaies sont des canaux ouverts entre lui et nous, qui reversent sa misĂ©ricorde sur nos misĂšres. Les plaies sont les voies que Dieu nous a grandes ouvertes pour que nous entrions dans sa tendresse et que nous touchions du doigt qui il est. Et que nous ne doutions plus de sa misĂ©ricorde. En adorant, en embrassant ses plaies nous dĂ©couvrons que chacune de nos faiblesses est accueillie dans sa tendresse. Cela arrive dans chaque Messe, oĂč JĂ©sus nous offre son Corps blessĂ© et ressuscitĂ© : nous le touchons et il touche nos vies. Et il fait descendre le Ciel en nous. Ses plaies lumineuses percent les tĂ©nĂšbres que, nous, nous portons Ă lâintĂ©rieur. Et nous, comme Thomas, nous trouvons Dieu, nous le dĂ©couvrons intime et proche, et Ă©mus nous lui disons : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (Jn 20, 28). Et tout naĂźt dâici, de la grĂące dâĂȘtre bĂ©nĂ©ficiaires de la misĂ©ricorde. A
partir dâici commence le cheminement chrĂ©tien. Si au contraire nous nous basons sur nos capacitĂ©s, sur lâefficacitĂ© de nos structures et de nos projets, nous nâirons pas loin. Seulement si nous accueillons lâamour de Dieu nous pourrons donner quelque chose de nouveau au monde.
- Ainsi ont fait les disciples : bĂ©nĂ©ficiaires de la misĂ©ricorde, ils sont devenus misĂ©ricordieux. Nous le voyons dans la premiĂšre Lecture. Les Actes des ApĂŽtres racontent que « personne ne disait que ses biens lui appartenaient en propre, mais ils avaient tout en commun » (4, 32). Ce nâest pas du communisme, câest du christianisme Ă lâĂ©tat pur. Et câest dâautant plus surprenant si nous pensons que ces mĂȘmes disciples peu avant sâĂ©taient disputĂ©s sur les rĂ©compenses et les honneurs, sur celui qui Ă©tait le plus grand parmi eux (cf. Mc 10, 37 ; Lc 22, 24). Maintenant ils partagent tout, ils ont « un seul cĆur et une seule Ăąme » (Ac 4, 32). Comment ont-ils fait pour changer ainsi ? Ils ont vu dans lâautre la mĂȘme misĂ©ricorde qui a transformĂ© leur vie. Ils ont dĂ©couvert dâavoir en commun la mission, dâavoir en commun le pardon et le Corps de JĂ©sus : partager les biens terrestres a semblĂ© une consĂ©quence Le texte dit ensuite quâ« aucun dâentre eux nâĂ©tait dans lâindigence » (v. 34). Leurs craintes sâĂ©taient dissoutes en touchant les plaies du Seigneur, maintenant ils nâont pas peur de soigner les plaies des nĂ©cessiteux. Parce quâils y voient JĂ©sus. Parce que lĂ il y a JĂ©sus, dans les plaies des nĂ©cessiteux.
SĆur, frĂšre, tu veux une preuve que Dieu a touchĂ© ta vie ? VĂ©rifie si tu te penches sur les blessures des autres. Aujourdâhui câest le jour oĂč nous nous demandons : âMoi, qui tant de fois ai reçu la paix de Dieu, qui tant de fois ai reçu son pardon et sa misĂ©ricorde, suis-je misĂ©ricordieux avec les autres ? Moi, qui si souvent me suis nourri du Corps de JĂ©sus, est-ce que je fais quelque chose pour nourrir celui qui est pauvre ?â. Ne restons pas indiffĂ©rents. Ne vivons pas une foi Ă moitiĂ©, qui reçoit mais ne donne pas, qui accueille le don mais ne se fait pas don. Nous avons Ă©tĂ© touchĂ©s par la misĂ©ricorde, devenons misĂ©ricordieux. Parce que si lâamour finit avec nous-mĂȘmes, la foi se dessĂšche dans un intimisme stĂ©rile. Sans les autres elle devient dĂ©sincarnĂ©e. Sans les Ćuvres de misĂ©ricorde elle meurt (cf. Jc 2, 17). FrĂšres, sĆurs, laissons-nous ressusciter par la paix, par le pardon et par les plaies de JĂ©sus misĂ©ricordieux. Et demandons la grĂące de devenir tĂ©moins de misĂ©ricorde. Seulement ainsi la foi sera vivante. Et la vie sera unifiĂ©e. Seulement ainsi nous annoncerons lâĂvangile de Dieu, qui est Ăvangile de misĂ©ricorde.
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HomĂ©lie du vendredi Saint 2021 â Diacre Jean-Baptiste Hibon
Quel cinéma !
Ne trouvez-vous pas que le scénario de la passion selon St Jean est génial ?
Bien écrit, bonne intrigue avec un casting formidable. Nous pourrions croire à une grande production !
Il y a des bons, des brutes et des truands ! Haine et amour ⊠un complot ! Un final pour une histoire dramatique, écrite par quatre scénaristes géniaux !
Mais voilĂ , il y a un petit problĂšme ! ⊠Câest que ce nâest pas une fiction ! Câest la rĂ©alité !
JESUS EST MORTÂ !
Nous ne commĂ©morons pas la mort de JĂ©sus, il y a 21 siĂšcles mais JĂ©sus est mort, aujourdâhui !
Il est mort pour nous. Quâest-ce Ă dire exactement ? Quelquefois câest vague, trop global.
Essayons de personnaliser cet événement.
Je vous propose de regarder la mort de JĂ©sus Ă lâaune des 7 pĂ©chĂ©s capitaux car premiĂšrement, JĂ©sus est mort pour nous sauver du pĂ©chĂ© et deuxiĂšmement, nous avons les nĂŽtres, souvent les mĂȘmes car nous manquons dâinnovation dans ce domaine et heureusement !
Je vous donne un moyen mnémotechnique pour vous souvenir de ce que nous avons tendance à oublier.
A.C.E.G –Â L.O.P
Dans nos Avarices, tout avoir, tout garder ; Jésus nous attend !
Dans nos ColĂšres, et il y a matiĂšre, en ce moment, en voyant lâĂ©tat du monde, eh bien JĂ©sus est lĂ Â !
Dans nos Envies, surtout dĂ©sirs mimĂ©tiques, vouloir ce que lâautre a : JĂ©sus est lĂ Â !
Dans nos Gourmandises, et câest tellement bon ! Dieu vient nous chercher.
Dans nos Luxures, ces plaisirs si inavouables, Jésus est encore là  !
Dans nos Orgueils, vouloir avoir toujours raison, Jésus est toujours là  !
Dans nos Paresses, Jésus reste là  !
En fait, JĂ©sus est lĂ partout, dans chaque recoin de nos vies, les plus sombres, il est mort. Non pas pour nous dire, vas-y mon petit, continue dans cette voie mais pour nous attirer Ă la vĂ©ritĂ©, Ă reconnaĂźtre quâun autre chemin est possible. Alors si JĂ©sus est partout mĂȘme dans la mort, de quoi avons-nous peur ? De la vĂ©rité ?
Mais quâest-ce que la vĂ©rité ? Dialogue formidable entre Pilate et JĂ©sus.
Eh bien cette vĂ©ritĂ©, mes frĂšres est que câest par la croix que la Joie est entrĂ©e dans le monde. Joie profonde dâĂȘtre membres dâun royaume qui nâest pas de ce monde, dans la mesure oĂč nous recevons tout de la vie de notre cher JĂ©sus.
Dâailleurs au dĂ©but de cet office, les cĂ©lĂ©brant, se prosternent, sâallongent devant lâautel. Câest un symbole fort, surprenant, rĂ©activation de ce que nous avons fait Ă notre ordination. La prostration est le signe de lâanĂ©antissement total, la kĂ©nose oĂč seul un plus grand que lâhomme peut le relever !
Telle est la foi chrétienne :
Mort oĂč est ta victoire ?
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HomĂ©lie du jeudi saint – 01 avril 2021 – PĂšre Michel Mankonga
Dans l’Ă©vangile d’aujourd’hui, Dieu se met Ă genoux pour nous offrir le salut. Le laisserons-nous nous combler de sa tendresse ?
JĂ©sus se mit Ă laver les pieds des disciples. Il sâagit dâun geste qui Ă©tait rĂ©servĂ© aux esclaves. Au temps de JĂ©sus, on marchait pieds nus ou en sandales. La chaleur et la poussiĂšre nĂ©cessitaient que les pieds soient lavĂ©s. Câest Ă lâesclave quâil revenait de laver les pieds du maĂźtre et de ses hĂŽtes.
Dans ce geste de service humble, pour ne pas dire humiliant, nous contemplons le Christ qui, Ă lâheure pour lui de passer de ce monde Ă son PĂšre, aima les siens jusquâau bout, câest-Ă -dire jusquâau don de sa vie : « il nây a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jn 15, 13). Lâombre de la croix, chemin mystĂ©rieux de notre rĂ©demption, se profile. Lâombre de la croix oĂč lâamour du Dieu se manifeste est signifiĂ©e dans cet abaissement du Christ qui se met Ă genoux pour laver les pieds de ses disciples. Lâombre de la croix oĂč la gloire de Dieu sâexprime de maniĂšre dĂ©routante est anticipĂ©e dans cet humble service. La croix câest le lieu oĂč le Christ grand prĂȘtre sâoffre en victime sur lâautel du bois du supplice et nous rachĂšte de lâesclavage du pĂ©chĂ©. Il expira dâune telle maniĂšre quâun centurion paĂŻen dĂ©clarera : « Vraiment, cet homme Ă©tait le Fils de Dieu ».
« Par un acte symbolique, â le lavement des pieds â JĂ©sus manifeste lâensemble de son service salvifique. Il se dĂ©pouille de sa splendeur divine. Il sâagenouille, pour ainsi dire, devant nous, il lave et sĂšche nos pieds sales pour nous rendre capables de participer au banquet nuptial de Dieu » comme BenoĂźt 16 l’a dit une fois. ( Joseph Ratzinger (BenoĂźt XVI), JĂ©sus de Nazareth, De lâentrĂ©e Ă JĂ©rusalem Ă la RĂ©surrection, Ăditions du Rocher, 2011, p.77.)
Cette rĂ©alitĂ© sublime et dĂ©routante, saint Paul la rappelle dans son grand hymne christologique de sa lettre aux Philippiens : « Le Christ JĂ©sus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui lâĂ©galait Ă Dieu. Mais il sâest anĂ©anti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme Ă son aspect, il sâest abaissĂ©, devenant obĂ©issant jusquâĂ la mort, et la mort de la croix. Câest pourquoi Dieu lâa exalté : il lâa dotĂ© du Nom qui est au-dessus de tout nom, afin quâau nom de JĂ©sus tout genou flĂ©chisse au ciel, sur terre et aux enfers, et que toute langue proclame : JĂ©sus Christ est Seigneur à la gloire de Dieu le PĂšre » (Ph. 2, 5-11).
Dieu se met à genoux comme pour nous supplier de nous laisser sauver par Lui. Il livre son corps et verse son sang pour nous, pour la multitude en rémission des péchés.
Mais le geste de JĂ©sus a aussi une dimension morale. Il est une invitation au service. « Si donc moi, le Seigneur et le MaĂźtre, je vous ai lavĂ© les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. » Autrement dit, il nous rappelle le commandement de lâamour : « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé ».
Nous pourrions demander deux grandes grĂąces au Seigneur : celle dâaimer et celle de se laisser aimer. Celle de servir et celle de se laisser servir. Il se met Ă genoux devant nous. Le laisserons-nous nous combler de sa tendresse ? Il nous donne lâexemple du service. Emprunterons-nous un chemin dâhumilitĂ© similaire au sien pour servir nos frĂšres et se laisser servir ?
Retenons que le vrai amour, en actes et en vérité, nous fait passer de la mort à la vie. I Jean 3. Amen.
HomĂ©lie du dimanche des Rameaux – PĂšre Michel
«Ayant aimĂ© les siens, il les aima jusquâau bout»
 Autour de JĂ©sus sâest dĂ©veloppĂ©e une animositĂ© qui est devenue graduellement de la violence aveugle, de plus en plus communicative. Dâabord la haine des membres du sanhĂ©drin, composĂ© de pharisiens et de SadducĂ©ens. Elle sâĂ©tend ensuite Ă tout le peuple qui finit par crier dâune seule voix Ă Pilate : «Crucifie-le».
Le Seigneur est accusĂ© dans deux procĂšs diffĂ©rents: un procĂšs «religieux», devant les grands prĂȘtres et devant les 70 membres du SanhĂ©drin… et un procĂšs «politique», devant Pilate, reprĂ©sentant de lâempire romain. Au cours de ces deux procĂšs, son identitĂ© vĂ©ritable nous est rĂ©vĂ©lĂ©e.
JĂ©sus – le maĂźtre de la riposte qui jamais nâa perdu un argument face Ă ses adversaires â nâa parlĂ© briĂšvement que trois fois au cours de ces deux procĂšs. Son silence est impressionnant en raison mĂȘme des questions quâon lui pose. Devant le Grand PrĂȘtre, il affirme ĂȘtre le Messie, le Fils de lâHomme. Face Ă Pilate, il reconnait ĂȘtre le Roi des Juifs, mais pas comme les rois de ce monde. Sur la croix, il reprend la plainte du Serviteur souffrant du prophĂšte IsaĂŻe : «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi mâas-tu abandonnĂ©?»
S. Marc met lâaccent sur les Ă©lĂ©ments humains les plus dramatiques de la condamnation de JĂ©sus. Au jardin de GethsĂ©mani, il est «triste Ă mourir», il commence Ă sentir lâangoisse et la peur, il implore le PĂšre de lui Ă©viter cette mort tragique. Il ne trouve personne pour le consoler (ses trois amis les plus proches se sont endormis). Il est trahi, reniĂ© et tous les disciples lâabandonnent. Un assassin, Barrabas, est relĂąchĂ© Ă sa place, on se moque de lui et on le couvre de blessures. Sur le calvaire, au milieu des souffrances atroces de la crucifixion, on lui lance des insultes. Seules quelques femmes de ses amies observent de loin. Ă la fin, le Christ a lâimpression que Dieu lui-mĂȘme lâa abandonnĂ©. Sur la croix, toutes les douleurs, toutes les larmes, toutes les angoisses de nos vies sont rĂ©unies et Dieu est solidaire de toutes les souffrances qui Ă©touffent notre monde.
Les trois autres Ă©vangĂ©listes soulignent beaucoup moins cet aspect dramatique de la passion. Marc croit profondĂ©ment dans lâincarnation de Dieu qui est devenu lâun de nous, avec tout ce que la vie apporte dâangoisses et de misĂšre. Le Christ crucifiĂ© sâidentifie Ă toutes nos souffrances et aux souffrances de ceux et celles qui meurent Ă cause des famines, des discriminations, des guerres, des tortures, des gĂ©nocides.
Comme vous avez remarquĂ©, les lectures de ce dimanche nous prĂ©sentent deux processions. La premiĂšre conduit JĂ©sus dans la ville de JĂ©rusalem oĂč il est accueilli avec enthousiasme (procession des rameaux). Lâautre lâentraĂźne hors de la citĂ©, condamnĂ© Ă la mort la plus atroce imaginĂ©e par les hommes. Dans la liturgie des rameaux, il est acclamĂ© comme «Fils de David⊠qui vient au nom du Seigneur». Dans la procession de la passion, la foule lance des cris de haine envers celui qui est condamnĂ© Ă mort, malgrĂ© le fait quâil «ait passĂ© sa vie Ă faire du bien». Dans la premiĂšre procession, les gens Ă©tendent leurs vĂȘtements sur la route pour lui rendre hommage, dans la seconde on lui enlĂšve ses vĂȘtements et on le couvre de blessures, de ridicule et dâinjures. Câest la dualitĂ© de la rĂ©ponse que lâon donne Ă Dieu Ă travers lâhistoire⊠Parfois, nous lui permettons dâentrer chez-nous et parfois nous le rejetons violemment hors de nos vies.
Pour Marc, le vĂ©ritable sens de la «Bonne Nouvelle de JĂ©sus Christ, le Fils de Dieu» est rĂ©vĂ©lĂ© sur la croix. Lâexpression qui sort des lĂšvres du centurion romain est la synthĂšse de sa thĂ©ologie : «Vraiment, cet homme est le Fils de Dieu». Le «secret messianique» de saint Marc est alors dĂ©voilĂ© et JĂ©sus dit enfin qui il est. Pendant toute sa vie publique, il avait demandĂ© aux gens de garder le silence sur son identitĂ©, car on ne pouvait vraiment «comprendre» Dieu quâen regardant la croix : il est «fils», il est «roi», mais pas comme les hommes se lâimaginent… Il est tout amour, il est lâamour absolu, qui meurt pour «les autres»… Ce roi est le serviteur sans privilĂšge et sans domination, qui «est venu pour servir et non pour ĂȘtre servi».
Chez saint Marc, câest la façon dont JĂ©sus donne sa vie qui dĂ©clenche lâadmiration du centurion : … ayant vu quâil avait ainsi expirĂ©… (Mc 15, 39). Pour ce rude militaire, câest prĂ©cisĂ©ment parce que JĂ©sus est allĂ© jusquâau bout de son amour, jusquâĂ la mort sur la croix quâil se rĂ©vĂšle vraiment comme Fils de Dieu. La toute-puissance de JĂ©sus est la faiblesse de son amour : «Ayant aimĂ© les siens qui Ă©taient dans le monde, il les aima jusquâau bout».
HomĂ©lie du cinquiĂšme dimanche de CarĂȘme – PĂšre Michel
Je veux voir Dieu !
« Nous voudrions voir JĂ©sus. » Telle est la demande formulĂ©e par quelques Grecs, sympathisants du judaĂŻsme, Ă Philippe, lâun des douze. Il est trĂšs probable, en passant, que le choix de Philippe comme intermĂ©diaire tient au fait, comme son nom de consonance grecque lâindique et comme le suggĂšre aussi son origine galilĂ©enne, quâil maĂźtrisait un tant soit peu la langue de Platon et dâAristote. Cette demande et lâorigine paĂŻenne de ceux qui la pose interpellent encore aujourdâhui. Elles convoquent notre foi Ă un double titre. Dâabord, par la façon dont Dieu se donne Ă contempler. Dans la foi, comment pouvons-nous voir JĂ©sus, ici et maintenant ? Ensuite, par lâuniversalisme du salut en JĂ©sus Christ signifiĂ© par lâattirance des nations dites « paĂŻennes »  ou « grecques », selon le langage de lâantiquitĂ©, par le Christ et la Bonne Nouvelle.
Saint IrĂ©nĂ©e de Lyon Ă©crivait au 2Ăšme siĂšcle : « La gloire de Dieu, câest lâhomme vivant ; la gloire de lâhomme, câest la vision de Dieu ». Voir Dieu, se laisser remplir de bonheur par la vision de sa BeautĂ©, telle est sans doute lâune des aspirations les plus profonde du cĆur humain. Se laisser remplir par la BeautĂ© inouĂŻe dâun Dieu dont lâĂȘtre est « Amour ». Amour et BeautĂ© se conjuguent, lâamour donnant de lâĂ©clat Ă celui qui aime et suscitant la dĂ©tente des traits de celui qui est aimĂ©. Il me semble que nous pouvons voir la prĂ©sence de Dieu dans la beauté : celle dâun paysage, dâune Ćuvre dâart mais aussi dans lâĂ©clat divin du regard dâune personne qui aime. Le visage du Christ, discernable en tout ĂȘtre humain, en particulier dans ceux qui souffrent, est visible aussi dans la lumiĂšre qui se dĂ©gage dâun ĂȘtre humain qui donne, se donne, aime sincĂšrement, authentiquement. Il me semble dĂ©celer sur le visage dâune MĂšre TĂ©rĂ©sa ou encore un portait de saint Vincent de Paul, lâĂ©clat de la beautĂ© divine. Paradoxalement, le visage tumĂ©fiĂ© du Christ en croix est profondĂ©ment beau car il exprime jusquâoĂč va son amour pour chacun. Cet amour retentit dâune maniĂšre particuliĂšre lorsquâil dĂ©clare : « PĂšre, pardonne-leur, ils ne savent pas ce quâils font. »
JĂ©sus, dans lâĂvangile de ce jour, dit explicitement : lâHeure est venue, le moment favorable oĂč sâaccomplit le salut est arrivĂ©. Le grain de blĂ© tombĂ© en terre va mourir et donner beaucoup de fruit. La croix et la rĂ©surrection se profilent dans les paroles du Christ. Lâintervention des Grecs signifie dĂ©jĂ que le salut en JĂ©sus-Christ est pour tous, câest-Ă -dire pour tous ceux qui sont disposĂ©s Ă lâaccueillir. Il nâest pas rĂ©servĂ© Ă une Ă©lite quelconque. Les bras de Dieu sont ouverts pour tous, aux dimensions de tous les peuples de la terre dâhier, dâaujourdâhui et de demain.
Seigneur, fais-nous grandir sur le chemin de lâamour et dispose les cĆurs de tous Ă accueillir ton amour : que pas un ne se perde !
Amen
Bon dimanche Ă tous.—
HomĂ©lie du 4Ăšme dimanche du carĂȘme B – PĂšre Michel
Il y a un mot qui revient souvent dans lâĂ©vangile câest le mot l umiĂšre. La premiĂšre chose que lâĂ©vangile nous dit de la lumiĂšre câest quâelle est venue dans le monde. A propos de la lumiĂšre qui est venue dans le monde, je me souviens dâun baptĂȘme cĂ©lĂ©brĂ© le jour de NoĂ«l et du geste posĂ© lors de cette cĂ©lĂ©bration. Je vous le montre.
Pour permettre au parrain dâallumer le cierge de son filleul Ă la flamme du Cierge pascal, jâai pris le Cierge pascal pour le mettre Ă terre ce qui a permis au parrain dâallumer le cierge de baptĂȘme de son filleul.
Câest aprĂšs avoir fait ce geste que je me suis dit au fond câest cela NoĂ«l : câest la lumiĂšre de Dieu qui, en JĂ©sus, est venue jusquâĂ nous pour sâoffrir et se rendre accessible à notre humanitĂ©. Sans cette venue de JĂ©sus en notre monde, la lumiĂšre de Dieu serait restĂ©e inaccessible.
Cette lumiĂšre de Dieu venue dans notre monde ne sâimpose pas Ă nous mais elle nous met devant un choix : allons-nous venir Ă la lumiĂšre ou prĂ©fĂ©rons-nous rester dans les tĂ©nĂšbres ?
LâĂ©vangile de ce dimanche qui nous parle de la lumiĂšre venue dans le monde nous prĂ©pare, comme chaque Ă©vangile du CarĂȘme, au renouvellement de notre baptĂȘme que nous ferons lors de la fĂȘte de PĂąques. Le baptĂȘme est en effet le sacrement par lequel nous venons Ă la lumiĂšre. Dans lâantiquitĂ© chrĂ©tienne on appelait couramment le baptĂȘme « illumination » parce quâil est lumiĂšre Ă©clatante. Câest ClĂ©ment dâAlexandrie qui, au III siĂšcle, dit ceci :
« Le baptĂȘme est illumination, par laquelle nous contemplons la sainte lumiĂšre du salut, câest-Ă -dire par laquelle nous pouvons voir Dieu⊠PurifiĂ©s par le baptĂȘme, nous courons vers la lumiĂšre Ă©ternelle comme des enfants vers leur pĂšreâŠÂ »
Saint Augustin presse les catĂ©chumĂšnes de se hĂąter de courir au bain du baptĂȘme, sâils cherchent la lumiĂšre.
Si lors de la veillĂ©e pascale ce ne sont pas seulement les nouveaux baptisĂ©s qui tiendront dans leurs mains un cierge allumĂ© mais tous les baptisĂ©s câest bien pour nous dire que ce don de la lumiĂšre qui nous est fait au baptĂȘme câest un don Ă accueillir chaque jour.
Si le don de la lumiĂšre nous est fait au baptĂȘme ce nâest pas seulement pour que la lumiĂšre de la RĂ©surrection, qui dissipe les tĂ©nĂšbres de la mort, puisse Ă©clairer nos nuits mais câest aussi pour que nous apportions la lumiĂšre dans lâobscuritĂ© de ce monde, et la chaleur lĂ oĂč il fait froid et lĂ oĂč menace lâinsensibilitĂ©.
Il est frappant de constater que lĂ oĂč la mort a frappĂ© que ce soit suite Ă un accident, un attentat le premier rĂ©flexe chez beaucoup de personnes, quelles que soient dâailleurs leurs convictions philosophiques ou religieuses, câest dâapporter de la lumiĂšre sur le lieu mĂȘme du drame.
Prenons le temps de contempler ce geste qui consiste Ă Â apporter de la lumiĂšre dans les lieux de tĂ©nĂšbres et demandons-nous chacun à qui au cours de cette semaine, je vais apporter de la lumiĂšre. Car si nous sommes venus Ă la lumiĂšre en venant participer Ă lâeucharistie câest pour que, habitĂ©s par cette lumiĂšre reçue, nous la portions Ă ceux qui en ont besoin.
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HomĂ©lie du 2Ăšme dimanche du carĂȘme B – PĂšre Michel Mankonga
LâĂ©vangile de ce deuxiĂšme dimanche de CarĂȘme attire notre attention sur lâimportance du regard. Les PĂšres orientaux, dans leurs commentaires sur la Transfiguration, disent quâen fait ce nâest pas JĂ©sus qui a changĂ©, mais le « regard » des apĂŽtres qui, illuminĂ©s par lâEsprit saint, ont pu entrevoir la vĂ©ritable identitĂ© de JĂ©sus.
Seuls les yeux de la foi, Ă©clairĂ©s par lâEsprit saint, peuvent entrevoir, dans lâhumanitĂ© de JĂ©sus, la prĂ©sence de Dieu. Et ce nâest pas un simple dĂ©tail si câest sur une haute montagne que les disciples perçoivent en profondeur qui est JĂ©sus.
Cette haute montagne câest le symbole de tout ce qui nous permet de prendre de la hauteur par rapport Ă notre vie quotidienne et aux personnes que nous cĂŽtoyons, câest le symbole de « tout lieu de priĂšre », qui est une école du regard. Câest en effet en priant Ă lâĂ©cart, loin de toute agitation, que nous apprenons à « regarder » toutes choses dans la lumiĂšre de PĂąques, Ă discerner la prĂ©sence de Dieu dans lâĂ©paisseur du quotidien et en tout visage dâhomme, mĂȘme dĂ©figurĂ© par le mal.
En Ă©coutant cet Ă©vangile, je me suis demandĂ© pourquoi Pierre, Jacques et Jean sont les seuls disciples à ĂȘtre emmenĂ©s par JĂ©sus Ă lâĂ©cart sur une haute montagne. Sâagit-il dâun favoritisme ? Peut-ĂȘtre que les autres avaient Ă©galement Ă©tĂ© invitĂ©s par JĂ©sus mais pour de multiples raisons, ils ont prĂ©fĂ©rĂ© dĂ©cliner lâinvitation.
Nous aussi, nous avons tous étĂ© invitĂ©s par JĂ©sus, dĂšs le dĂ©but du CarĂȘme Ă Â nous rendre Ă lâĂ©cart sur une haute montagne lorsquâil nous a dit dans lâĂ©vangile du mercredi des cendres : « Mais toi, quand tu pries, retire-toi dans ta piĂšce la plus retirĂ©e, ferme la porte, et prie ton PĂšre qui est prĂ©sent dans le secret »
La priĂšre Ă lâĂ©cart, sur une haute montagne nous donne de voir comment Dieu, notre PĂšre est prĂ©sent dans les Ă©vĂšnements de notre vie. MĂȘme dans les plus Ă©paisses tĂ©nĂšbres, elle nous fait apercevoir la main de Dieu. Câest ainsi que nous pouvons dire comme le psalmiste : ta main me conduitâŠ
Il y a quelques jours, un membre lâĂ©quipe baptĂȘme de notre paroisse et moi, nous nous sommes rendus au domicile de parents pour prĂ©parer le baptĂȘme de leur enfant. Cette rencontre, nous lâavons vĂ©cue comme si nous Ă©tions Ă lâĂ©cart sur une haute montagne.
En effet, nous avons Ă©tĂ© trĂšs touchĂ©s par le regard illuminĂ© par la foi, lâespĂ©rance et lâamour de ces parents sur leur enfant qui est nĂ© diffĂ©rent.
Tout en nous partageant les souffrances et les difficultĂ©s rencontrĂ©es Ă la naissance de leur enfant, ces parents nous ont tĂ©moignĂ©, Ă la lumiĂšre dâun psaume qui dit Ă Dieu « étonnantes sont tes Ćuvres » quâils accueillent leur enfant comme une des Ćuvres de Dieu.
A la suite de Pierre, Jacques et Jean, rĂ©pondons, nous-aussi, Ă cet appel de JĂ©sus Ă venir Ă lâĂ©cart sur cette haute montage que peut ĂȘtre un espace de priĂšre amĂ©nagĂ© dans notre maison, notre Ă©glise paroissiale ouverte tous les matins jusquâĂ midi ou tout autre lieu. Nous pourrons ainsi prendre de la hauteur sur ce que nous vivons pour y percevoir, mĂȘme dans nos difficultĂ©s, la prĂ©sence de Dieu.
Ce temps que nous prenons, sur invitation de JĂ©sus, pour prendre de la hauteur nâest pas une fuite des rĂ©alitĂ©s de ce monde, mais un approfondissement du temps prĂ©sent, la dĂ©couverte de la dimension cachĂ©e, intĂ©rieure, des ĂȘtres et des choses et une Ă©cole du regard. Bon dimanche Ă tous.
HomĂ©lie du 6Ăšme dimanche de lâannĂ©e B du temps ordinaire â 14 fĂ©vr.-21
Par le diacre Jean-Baptiste Hibon
FrĂšres et sĆurs, quelle extraordinaire actualitĂ©, ces textes que lâĂ©glise nous donne ce dimanche. Permettez-moi de rapprocher ces deux maladies, la lĂšpre et le Covid19. Je ne veux pas les comparer en termes de dangerositĂ© mais en termes dâattitudes vis-Ă -vis dâelles.
A la fin de la premiĂšre lecture, nâavez-vous pas lâimpression dâentendre une des confĂ©rences de presse gouvernementales de ces derniĂšres semaines ?
 « ll se couvrira le haut du visage jusquâaux lĂšvres,
et il criera : âImpur ! Impur !â
Tant quâil gardera cette tache, il sera vraiment impur.
Câest pourquoi il habitera Ă lâĂ©cart,
son habitation sera hors du camp. »Le masque et bientĂŽt le vaccin serviront-ils de sĂ©sames pour retrouver la pureté ? Le mal dit toujours quelque chose Ă travers les attaques quâil opĂšre en sâen prenant Ă la personne humaine.
Le problĂšme est quâen voulant Ă©radiquer une maladie nous risquons de lâassimiler Ă la personne et dâexclure cette derniĂšre. Dâailleurs la lĂšpre reste toujours prĂ©sente et nous nâavons pas de vaccin contre cette maladie dramatique.
Dans lâĂ©vangile ce lĂ©preux a une des priĂšres les plus justes de la Bible. « Si tu le veux, tu peux me purifier »
Tellement souvent nos priĂšres sâapparentent Ă des demandes si insistantes que Dieu a intĂ©rĂȘt Ă les exaucer sâil ne veut pas que nous nous dĂ©tournions de lui ! Mais lĂ âŠÂ ! Quelle foi ! Je sais ce que je veux mais si Dieu ne le veut pas car ne trouvant pas ma demande ajustĂ©e Ă ce qui est le meilleur  pour moi, il ne le fera pas !
« Si tu le veux, tu peux me purifier » Un pÚre ne peut que craquer en entendant cela et guérir cet homme de sa maladie honteuse.
« Attention, ne dis rien Ă personne » BizarreâŠÂ ! Parfois, JĂ©sus guĂ©rit des personnes avant de les avoir vues, comme la femme hĂ©morroĂŻsse qui touche uniquement la frange son vĂȘtement. Il y a une autoritĂ© naturelle chez JĂ©sus qui ne peut que guĂ©rir, il ne sait que guĂ©rir, jamais blesser, mais toujours au moment le plus opportun, pour chacun.
Cette mise en garde ressemble plutĂŽt Ă une invitation Ă lâintĂ©riorisation de la guĂ©rison. Pensez-vous ! Lâhomme est tellement heureux de sa rĂ©habilitation dans la communautĂ© humaine quâil ne peut se taire ; dâautant plus avec une formulation nĂ©gative « ne dis rien » ⊠la transgression est dâautant plus succulente !
Aussi, nous pouvons voir dans cette mise en garde comme la demande de JĂ©sus de ne pas rĂ©vĂ©ler Ă tout le monde sa propre transgression de la Loi. En effet, celui qui approchait de quelque maniĂšre que ce soit « lâimpur » se rendait impur. Or JĂ©sus ose toucher lâimpuretĂ© la plus extrĂȘme pour la sauver. Inclure ce qui Ă©tait exclu depuis toujours, sauver ce qui Ă©tait perdu. Mais Ă©tape aprĂšs Ă©tape, sans scandaliser trop rapidement la culture dans laquelle il Ă©volue. Cependant sa volontĂ© de guĂ©rir ses contemporains est la plus forte.
Chaque personne a besoin de ce contact physique, pour ĂȘtre purifiĂ©e. Les gestes de distanciation aujourdâhui empĂȘchent le contact physique entre nous, mais la communion et tous les sacrements demeurent seuls comme gestes charnels reçus en dehors du domicile. Dans cette Eucharistie, câest ce mĂȘme JĂ©sus que nous allons recevoir. Par ce contact physique, JĂ©sus venant renouveler notre vie, notre intimitĂ©, peut nous purifier.
Le voulons-nous ?
HomĂ©lie du 5Ăšme dimanche du temps ordinaire – PĂšre Michel
JĂ©sus est sorti pour proclamer lâĂvangile. Autrement dit, il est venu dâauprĂšs du PĂšre visiter lâhumanitĂ© blessĂ©e et inquiĂšte, en proie Ă la fiĂšvre des consĂ©quences du pĂ©chĂ©, qui tremble et se demande oĂč est Dieu. Câest le cri de Job et de tous les Job de la terre qui Ă©meut jusquâaux entrailles le cĆur de Dieu : « Souviens-toi Seigneur : ma vie nâest quâun souffle, mes yeux ne verront plus le bonheur » !
Au cours de son pĂšlerinage terrestre, le Christ proclame la venue du RĂšgne de Dieu et accompagne sa prĂ©dication de signes qui authentifient sa mission, qui accrĂ©ditent quâil est bien lâenvoyĂ© du PĂšre. Toutefois, ces signes de libĂ©ration et de guĂ©rison, sâils sont suffisants pour emporter lâadhĂ©sion Ă JĂ©sus-Christ Fils de Dieu, sont Ă©galement suffisamment modestes pour ne pas contraindre la libertĂ© de lâĂȘtre humain Ă mettre sa foi en Lui. Dieu est infiniment respectueux de ceux Ă qui Il sâadresse. Il frappe Ă la porte du cĆur mais ne la force jamais.
Parmi les signes qui nous sont rapportĂ©s par lâĂ©vangĂ©liste Marc, il y a la guĂ©rison de la belle-mĂšre de Simon-Pierre. Celle-ci a lieu dans le logis familial, Ă CapharnaĂŒm. Saint Marc relate : « AussitĂŽt, on parla Ă JĂ©sus de la malade. JĂ©sus sâapprocha, la saisit par la main et la fit lever. La fiĂšvre la quitta, et elle les servait ». On remarque dâabord le toucher : il lui prend la main. La main de Dieu prend la main de la belle-mĂšre de Simon, et Ă travers elle, Dieu prend la main de lâĂȘtre humain, de chaque ĂȘtre humain. Ă chaque eucharistie, nous recevons dans notre main le corps du Christ. Quelle humilitĂ© de Dieu ! Mais ce faisant, nâest-ce pas aussi Dieu qui nous prend par la main et de la sorte calme la fiĂšvre de nos inquiĂ©tudes ? Je crois bien que oui âŠÂ La main rassurante du Dieu tout puissant dâamour saisit la nĂŽtre !
 La fiĂšvre est marque du pĂ©chĂ© dans la tradition biblique. JĂ©sus dĂ©livre du pĂ©chĂ© et guĂ©rit de la fiĂšvre quâil provoque. Et lorsque Marc Ă©crit que le Christ fit « lever » la belle-mĂšre de Simon, il use du mĂȘme verbe en grec pour signifier que JĂ©sus est « ressuscité ». Ce dĂ©tail nâest pas innocent. LâĂ©vĂ©nement de la guĂ©rison de la belle-mĂšre de Simon est une prĂ©figuration de la victoire pascale et une annonce du RĂšgne dĂ©finitif de Dieu en rĂ©ponse au cri de Job et de tous les Job de la terre. Le livre de lâApocalypse nous en donne une description Ă©mouvante et merveilleuse, de nature Ă conforter notre espĂ©rance : « Alors jâai vu un ciel nouveau et une terre nouvelle (âŠ) Il essuiera toutes larmes de leurs yeux, et la mort ne sera plus, et il nây aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur : ce qui Ă©tait en premier sâen est allé » (Ap. 21, 1.4).
Bon dimanche
DIMANCHE 17 JANVIER 2021 – HOMELIE DU CURE
Chers paroissiens et chers amis,
Avec la fin du cycle de NoĂ«l, amorcĂ© au premier dimanche de lâAvent et bouclĂ© Ă la solennitĂ© du baptĂȘme du Seigneur, nous voici au deuxiĂšme dimanche du temps ordinaire. Ce qui est ordinaire nâest guĂšre synonyme de banalitĂ©. Saint Jean-Paul II affirmait constamment que « la saintetĂ© ne consiste pas Ă accomplir des Ćuvres exceptionnelles, mais Ă vivre de façon extraordinaire des choses ordinaires ». LâĂglise veut que nous fassions de notre vie ordinaire un temps privilĂ©giĂ© pour faire des rencontres de qualitĂ© avec JĂ©sus et avec le prochain. Câest dans la quotidiennetĂ© de notre existence que pareilles rencontres sont possibles. En ce sens, tout ce qui nous paraĂźt ordinaire (Ă©vĂ©nement, lecture, priĂšre, messe, visite, rencontres fortuites, accueil, dialogueâŠ) devrait ĂȘtre intensĂ©ment vĂ©cu. Dans lâĂ©vangile du jour, JĂ©sus demande Ă deux disciples de Jean-Baptiste qui le suivent : « Que cherchez-vous ? ». Câest Ă chacun de nous que sâadresse Ă©galement cette parole dâĂvangile. JĂ©sus nous pose directement la mĂȘme question : « Que cherches-tu ? Cette question nous pousse dans nos derniers retranchements. Câest Ă chacun de discerner le sens de son cheminement : « Quel est mon dĂ©sir ? Quelle est mon attente ?”  Mais bien souvent, nous avons du mal Ă cerner lâaspiration rĂ©elle en nous et nous cherchons dĂ©sespĂ©rĂ©ment ce que notre cĆur possĂšde dĂ©jĂ . En effet, dans la deuxiĂšme lecture de ce jour, Saint Paul nous rappelle que Dieu habite dĂ©jĂ en nous puisque nous sommes le temple de lâEsprit Saint, qui est en nous et que nous avons reçu de Dieu. Il nous suffit de rentrer dans notre for intĂ©rieur pour le rencontrer. Car câest dans ce sanctuaire intĂ©rieur que Dieu nous parle Ă cĆur ouvert. DĂšs lors, Ă lâinstar de Samuel, disons-lui : « Parle Seigneur, ton serviteur Ă©coute ».
DIMANCHE 03 JANVIER 2021 – HOMELIE EN LA FETE DE LâEPIPHANIE
La fĂȘte de lâĂpiphanie cĂ©lĂšbre la manifestation de Dieu au monde ! LâĂvangile nous propose un rĂ©cit assez saisissant : « JĂ©sus Ă©tait nĂ© Ă BethlĂ©em en JudĂ©e, au temps du roi HĂ©rode le Grand. Or, voici que des mages venus dâOrient arrivĂšrent Ă JĂ©rusalem et demandĂšrent : âOĂč est le roi des Juifs qui vient de naĂźtre ? Nous avons vu son Ă©toile Ă lâorient et nous sommes venus nous prosterner devant lui.â » (Mt 2:1-2). En effet, les mages venus dâOrient vont Ă la recherche de cet enfant-roi qui vient de naĂźtre. Ils se sont mis en marche tout simplement parce quâune nouvelle Ă©toile sâest levĂ©e. Soudainement, cette Ă©toile avait disparu.
 De tout temps, nombreux sont ceux qui se lancent Ă la recherche dâun idĂ©al qui donne du sens Ă la vie. Dans cette quĂȘte, personne nâignore que les points dâombre seront nombreux sur la route ! Un chemin semĂ© dâembĂ»ches oĂč lâobscuritĂ© bouche souvent la vue. De mĂȘme, dans tout parcours de foi, aucun chemin spirituel nâest entiĂšrement lumineux. Il y aura des moments de ferveur mais aussi de doute ! Des instants de grĂące et aussi de dĂ©couragementâŠHeureusement que les mages ne se sont pas dĂ©couragĂ©s. Ne voyant plus lâĂ©toile qui les guidait, ils font un dĂ©tour Ă JĂ©rusalem pour se renseigner auprĂšs des autoritĂ©s. Câest lĂ que la prophĂ©tie de MichĂ©e leur sera dĂ©voilĂ©e : câest Ă BethlĂ©em que sortira un chef, qui sera le berger dâIsraĂ«l.
Lâon observe un contraste dans ce rĂ©cit de lâĂ©vangile : il y a dâun cĂŽtĂ©, les mages qui nâont pas dâidĂ©es prĂ©conçues ; ils sont Ă la recherche du Messie et ils finiront par le trouver. De lâautre, il y a ceux qui savent et qui peuvent citer les Ecritures sans faute, mais qui ne bougeront pas le petit doigt ; ils ne feront mĂȘme pas le dĂ©placement de JĂ©rusalem Ă BethlĂ©em. Evidemment, ils ne rencontreront pas lâenfant de la crĂšche. Ce rĂ©cit nous apprend quâil ne suffit pas de savoir la vĂ©ritĂ©, mais il faut la mettre en pratique. Il ne sert Ă rien de savoir quel est le chemin, il faut se mettre en chemin, il faut expĂ©rimenter ce que lâon croit vrai.
Câest parce que les mages ont dĂ©cidĂ© de poursuivre leur route aprĂšs avoir Ă©tĂ© Ă©clairĂ©s par la prophĂ©tie de MichĂ©e, quâils ont fini par trouver le messie. A notre tour, il faut aussi nous laisser guider par la lumiĂšre de la parole de Dieu et suivre lâĂ©toile. Des Ă©toiles, il y en a toujours dans notre vie. La VĂ©ritĂ© se cache quelquefois derriĂšre les Ă©vĂ©nements les plus simples de la vie. Sa rĂ©vĂ©lation nâest pas forcĂ©ment une âĂ©toileâ, mais peut-ĂȘtre une personne rencontrĂ©e, un livre qui nous tombe sous la main, un Ă©vĂ©nement qui semble anodin ou une pensĂ©e qui nous traverse lâesprit⊠Le grand message de lâĂpiphanie, câest la rencontre avec JĂ©sus. Bien des voies peuvent nous y aider notamment la parole de Dieu. TĂąchons de les suivre pour rencontrer le Christ. Cependant, dĂšs que nous rencontrons JĂ©sus, laissons-le devenir la boussole, si pas le GPS de notre vie.
Amen.PĂšre Michel
Dimanche 27 dĂ©cembre 2020 – FĂȘte de la Sainte Famille
« Veilleur, oĂč en est la nuit ? » clame le hĂ©raut.
Deux veilleurs dans le clair-obscur.
Leurs yeux bientÎt vont se fermer. La nuit prendra-t-elle le dessus ?Notre modÚle social est blessé, la pandémie lui aurait-elle donné le coup de grùce ?
Notre Eglise semble sâĂ©teindre lentement, comme un vieillard dont le souffle ralentit de jour en jour.
Faut-il pour autant se lamenter ? Ce nâest pas la fin DU monde, câest seulement la fin D’UN monde.« Veilleur, oĂč en est la nuit ? » (IsaĂŻe 21,11)
Elle est là ⊠elle nâest pas tĂ©nĂšbres, mais promesse dâaurore.
Oser regarder la dĂ©solation afin dâĂȘtre mĂ»rs pour lâespĂ©rance.Deux anciens, Anne et SymĂ©on, veillent.
Riches de leur longue expĂ©rience humaine, pĂ©tris par la Parole, ils sont guetteurs dâespĂ©rance.
Comme les vigies dâun navire, ils seront les premiers Ă voir la terre promise : « mes yeux ont vu le salut », se rĂ©jouit SymĂ©on.Deux guetteurs dans le clair-obscur, qui espĂšrent « la lumiĂšre des nations ».
Leur regard usĂ© Ă force de scruter le jour et son lendemain se pose sur le visage lumineux dâun enfant.
A NoĂ«l, la promesse de Dieu a pris visage humain, celui de JĂ©sus.Notre monde a besoin de veilleurs, de sentinelles dâespĂ©rance.
Qui ne se rĂ©signent pas aux tĂ©nĂšbres, car ils ont au fond dâeux-mĂȘmes suffisamment de lumiĂšre pour croire Ă la naissance dâune nouveau matin.
Qui posent des gestes dâamour appelĂ©s Ă devenir autant dâactes dâĂ©ternitĂ©.* MĂ©ditation de lâEvangile de la prĂ©sentation de JĂ©sus au Temple de JĂ©rusalem (Luc 2,22-40) â FĂȘte de la Sainte Famille
Texte rédigé par un ami.
Belle semaine Ă tous.
20 décembre 2020
Une ado de 14 ans pleine de Vie⊠Rien de plus, rien de moins ! Et tout devient possible ⊠Aujourdâhui, Marie a laissĂ© ses vĂȘtements dans la garde-robe ⊠Ce matin, cette jeune ado ne porte ni sa veste de lâImmaculĂ©e, ni son top de lâAuxiliatrice, ni son brushing de Fatima ou de Guadaloupe, ni son lissage de Reine de la Paix, ni son maquillage de Notre-Dame des Douleurs ⊠Tous ces titres restent bien pliĂ©s dans le silence du dressing. Elle est nue devant le miroir ⊠Elle se regarde et se demande encore ce qui lui arrive ⊠Une Vie est en train de naĂźtre en elle ⊠Comme tout ado, elle sent cette sĂšve de Vie monter et circuler en elle ⊠Et quelle Vie !!!D’un point de vue Ă©tymologique, « adolescence » vient du mot latin « adolescere » qui signifie « grandir vers » ⊠Tiens donc ⊠Se laisser traverser par la Vie pour continuer ce processus de croissance comme le petit grain de moutarde sans se croire dĂ©jĂ arrivĂ© et sâinstaller. Face Ă toutes ces transformations corporelles, cognitives, sexuelles et sociales, quelle est cette identitĂ© qui se dĂ©couvre ?« Salut, ComblĂ©e de grĂąces ! » Comment cette jeune a-t-elle pu laisser ouvrir son coeur de telle sorte que Dieu a pu le remplir de tant de grĂąces ? Comment a-t-elle pu se laisser transfigurer Ă ce point par l’amour de Dieu ? Comme Marie, soyons tout rayonnants de l’amour de Dieu⊠Comme lâAnge, posons notre regard sur tous les jeunes de nos familles, de notre quartier et des mĂ©dias et soyons pour eux comme des messagers de ce Dieu qui voie toute la sĂšve de vie qui circule en eux, tous leurs rĂȘves de jeunesse. Continuons Ă les appeler Ă la vie. Ne sont-ils pas eux aussi, « comblĂ©s de grĂąces » ?! Ne sont-ils pas eux aussi, comme Marie, porteur dâun Ă©lan, dâune Ă©nergie de vie dĂ©bordante ? Souvent seuls, nus devant leur miroir, Ă la recherche de leur identité⊠freinĂ©s aujourdâhui par toutes ces mesures sanitaires, souvent Ă©loignĂ©s de nos rendez-vous liturgiques ou institutionnels oĂč tout se dĂ©cide. Marie, aprĂšs cet Ă©pisode de lâAnnonciation, a Ă©tĂ© lynchĂ©e par tous les gens bien-pensants de son quartier⊠perçue comme une ado rebelle comme tous les autres ⊠Et pourtant, elle portait en elle le Sauveur, elle disait chaque jour ce Oui inconditionnel Ă la vie, et Ă la vie en abondance. PlutĂŽt que de faire le buzz sur les rĂ©seaux sociaux, elle prĂ©fĂ©rait mĂ©diter tout cela dans son cĆur, mĂȘme si cela pouvait sembler une fake news aux yeux du monde. Elle avait fait cette expĂ©rience vraie, unique, indĂ©lĂ©bile : « Le Seigneur est avec moi ». Or, cet Esprit-Saint nâest pas venu que sur Marie, mais il habite le cĆur de chacun, et en particulier le cĆur des jeunes qui viennent nous dĂ©stabiliser, nous sortir de nos enfermements. Car lâ « enfer-mement » est le contraire de lâadolescence, qui suppose des Ă©changes avec les amis, avec dâautres adultes que leurs parents, avec le monde.Regardons cette « GĂ©nĂ©ration Covid » qui sâengage, qui agit dans les associations ou dans les lieux de soins, qui invente de nouvelles formes de vie et pas seulement de survie. Ils disent comme Marie : « Nous sommes le PrĂ©sent et lâAvenir ». Ecoutons-les et permettons-leur d’occuper toute leur place.Comme le mot « adolescent », le mot « Avent » commence par la mĂȘme particule « ad » ⊠« adventus ». « Quâil advienne selon ta Parole ! » ⊠« Advienne que pourra ». Quâadviennent encore ces dialogues qui annoncent la Vie ⊠entre jeunes et autres messagers de Dieu. A quelques jours de NoĂ«l, avec tous les ados dĂ©bordants de vie, faisons advenir le monde de tous les possibles. Comme Marie, ils ne savaient pas que câĂ©tait impossible, alors ils lâont fait ⊠Car rien nâest impossible Ă Dieu !ÂXavier ERNST, sdb
13 décembre 2020
Jean, 1, 6-8.19-28.
I â TĂ©moin de la LumiĂšre
LâĂ©vangile de ce jour semble avoir intentionnellement uni deux passages du dĂ©but de lâĂ©vangile de saint Jean. Ainsi le tĂ©moignage de Jean-Baptiste est situĂ© sur un registre qui lui donne une couleur particuliĂšre. Jean-Baptiste est le tĂ©moin de la LumiĂšre.
Celui dont il annonce la venue en prĂ©parant ses voies – comme lâa Ă©crit IsaĂŻe : « Je suis la voix de celui qui crie dans le dĂ©sert » – porte en lui quelque chose dâunique, de divin. Il est la LumiĂšre nĂ©e de la LumiĂšre comme le dit si bien le Symbole de NicĂ©e-Constantinople que je cite : « Je crois en un seul Seigneur, JĂ©sus Christ, le Fils unique de Dieu, nĂ© du PĂšre avant tous les siĂšcles : Il est Dieu, nĂ© de Dieu, lumiĂšre, nĂ©e de la lumiĂšre, vrai Dieu, nĂ© du vrai Dieu ».
Il ne faut pas restreindre ce terme de « LumiĂšre » ici Ă une invitation morale, un motif dâaction ou une inspiration dans les choix. La « LumiĂšre » dont parle saint Jean ici est Ă lâorigine du monde, elle est Dieu lui-mĂȘme qui sâest manifestĂ© en JĂ©sus, le Fils unique de Dieu qui sâest fait homme, qui sâest incarnĂ©.
Cette prĂ©sentation de Jean-Baptiste qui « est venu comme tĂ©moin, pour rendre tĂ©moignage Ă la LumiĂšre, afin que tous croient par lui » reflĂšte la foi des premiĂšres communautĂ©s chrĂ©tiennes et la nĂŽtre. Jean-Baptiste a entrevu la rĂ©alitĂ© du salut se rĂ©alisant en JĂ©sus. Nous recevons son tĂ©moignage confirmĂ© par celui des apĂŽtres aprĂšs la rĂ©surrection qui proclament « JĂ©sus est Seigneur » et nous affirmons aujourd’hui notre foi en celui qui est la « LumiĂšre du monde ». Jean-Baptiste en est le tĂ©moin privilĂ©giĂ©.
II â Jean-Baptiste le PrĂ©curseur
C’est pour cette raison qu’on lui a donnĂ© Ă juste titre le surnom de « PrĂ©curseur ». Son attitude est bien dĂ©crite lorsquâil dit quâil nâest pas digne de dĂ©lier la courroie de la chaussure de Celui qui vient : « Moi, je baptise dans lâeau. Mais au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ; câest lui qui vient derriĂšre moi, et je ne suis pas digne de dĂ©lier la courroie de sa sandale ».
Lâattitude de Jean-Baptiste se caractĂ©rise par lâaccueil et lâouverture. Il prĂ©cĂšde â câest ce que veut dire le mot « PrĂ©curseur » â Celui qui doit venir. Il invite Ă se dĂ©barrasser de ce qui empĂȘcherait un accueil bienvenu et chaleureux. « Redressez le chemin du Seigneur » proclame-t-il. ConcrĂštement notre rĂ©ponse Ă son appel pourrait cette annĂ©e se traduire durant le temps de l’Avent par une dĂ©marche de pĂ©nitence en allant recevoir le Sacrement de la RĂ©conciliation. MalgrĂ© la pandĂ©mie de la Covid-19 plusieurs paroisses offrent un accĂšs au Sacrement de la RĂ©conciliation avec les prĂ©cautions sanitaires appropriĂ©es. Vous ne regretterez pas d’avoir fait la dĂ©marche de la RĂ©conciliation, du Pardon.
Le mouvement de prĂ©paration Ă NoĂ«l amĂšne Ă sortir de nous-mĂȘmes pour accueillir le Tout Autre qui sâincarne en JĂ©sus. LâaccĂšs Ă la LumiĂšre commence en sachant reconnaĂźtre le Don de Dieu dans lâEnfant de la crĂšche dont nous cĂ©lĂ©brerons la naissance Ă NoĂ«l. Dieu se fait l’un de nous. Le Verbe se fait chair, dira saint Jean.
III â Application
Dans le temps de lâAvent cherchons Ă renouveler notre foi et notre attente de la vraie LumiĂšre. Nous la voulons prĂ©sente en nous et dans toute notre vie, mais nous savons que ce nâest pas nous qui apportons la LumiĂšre. Nous recevons les rayons de cette LumiĂšre Ă travers JĂ©sus.
Ce rayonnement de la LumiĂšre de Dieu est prĂ©sent dans le monde. Nous ne le voyons pas toujours, mais il est lĂ . Croyons-le. L’Esprit de Dieu est toujours Ă l’Ćuvre. Comme Jean-Baptiste nous sommes invitĂ©s Ă rendre tĂ©moignage Ă la lumiĂšre : « Cet homme nâĂ©tait pas la LumiĂšre, mais il Ă©tait lĂ pour rendre tĂ©moignage Ă la LumiĂšre. »
Je souhaite que nous devenions tous des Jean-Baptiste dans le monde dâaujourdâhui. Amen !
6 décembre 2020
Tout commence (v1). Tout commence dans le dĂ©sert (v 3 et 4) Le dĂ©sert, une Ă©tendue indĂ©finie. Une incertitude. Une inquiĂ©tude. InquiĂ©tude : un manque intĂ©rieur, de paix une absence de « quies », de quiĂ©tude. Pas de chemin, pas de repĂšres, pas de but, des projets caducs, tout semble perdu.Il y a plein de choses dans le dĂ©sert, mais pas de sens, pas de vie, pas d’espoirs, pas de joie. Le dĂ©sert, une Ă©tendue en attente. Mais en attente de quoi ? De rien ? Rien ne se dĂ©cide, rien de stable, tout est indĂ©cis. C’est l’errance. Et dans le dĂ©sert, surtout la nuit, ça crie. Et ça, on ne sait pas trop ce que c’est. Ăa crie surtout dans les tĂȘtes, dans les cĆurs, dans les relations. Ăa crie partout. Pas seulement les bĂȘtes sauvages. L’homme aussi. Moi aussi. Quand on est perdu, on crie. Tout commence avec un cri. C’est ce cri qu’il faut entendre, dans le dĂ©sert. Et dĂ©celer alors parmi tous ces cris une voix, une voix qui appelle. Alors je marche vers quelqu’un. Je marche : je trace un chemin. PrĂ©parez le chemin du Seigneur. C’est en moi que je trace ce chemin. Le chemin par lequel le Seigneur vient est aussi le chemin par lequel je vais vers le Seigneur. Un chemin intĂ©rieur. Je vais et il vient. La rencontre aura lieu. Si j’Ă©coute bien la voix qui m’appelle. Ce chemin c’est en moi que je le trace. Dans mon dĂ©sert. C’est lĂ oĂč tout commence.
Bon dimanche.
De nos dĂ©serts nous Ă©coutons la Voix et que nous trouvions Le Chemin du Jourdain oĂč jaillissent l’Eau et l’Esprit qui donnent la Vie.